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  • : Association dont le but est de favoriser une relation amicale avec les chiens
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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 09:31
Journée Scientifique Interactions Homme-Animal

A ne pas manquer : une journée consacrée à mieux comprendre les relations Homme-Animal

Anna Maria Berardi que vous avez peut-être rencontré en participant aux balades en Moselle nous faire part d'un évènement qu'elle organise avec l'université de Lorraine et l'association luxembourgeoise REETA.

Rendez-vous le 4 juin 2014 à l'UFR Sciences Humaines et Sociales de Metz.

La participation est gratuite alors profitez-en (pensez tout de même à vous inscrire en téléchargeant le bulletin ci-dessous).

Au programme :

  1. Les effets des animaux de compagnie sur la santé de leurs propriétaires
  2. Les effets d'un chien sur la santé de patients institutionnalisés

(le programme complet est téléchargeable ci-dessous)

Bulletin d'inscription à la journée Scientifique Interactions Homme-Animal le 4 juin 2014 à Metz

Programme de la journée Scientifique Interactions Homme-Animal le 4 juin 2014 à Metz

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 16:39

Les beaux jours reviennent et les occasions de photographier nos chiens ne vont pas manquer. Voici un article avec de petits conseils qui vous aideront à mieux observer vos compagnons à quatre pattes. Oui, oui, tous les quatre pattes, ça marche aussi pour les chats.

Observer et comprendre les chiens en les photographiant

Catherine photographie trois chiens qui courent dans une flaque d'eau. Au détour d’un chemin, dans la proximité d’un quotidien, la présence animale est partout. Parmi  les plus familiers de ces autres êtres, le chien est celui dont nous aimons garder le souvenir. En même qu'il est entré dans nos maisons, il est entré dans notre vie. Et le voilà désormais en bonne place dans l'album photo de la famille.

En plus de cette familiarité réciproque, cette présence sur nos photographies révèle aussi à quel point le geste simple qui consiste à déclencher un appareil photographique est devenu banal[i]. Un geste suffit pour conserver les souvenirs, le plus souvent heureux, des instants partagés avec nos compagnons velus.

Oui mais voilà, simple en apparence, le geste photographique demande tout de même quelques connaissances et techniques faciles à acquérir pour éviter de se retrouver avec une pile d'images vite prises et aussi vite oubliées. Car ne l'oublions pas, photographier s'est aussi partager avec les autres ses images et ses souvenirs. Maîtriser certaines spécificités comme le flou, la surexposition ou encore la composition, permet d'approcher la dimension esthétique qui font des images réussies, celles qui ne tomberont pas dans l'oubli du temps qui passe.

Je ne suis pas un expert de la photo, mais les membres de l'association Photoforum m'ont transmis suffisamment de choses pour qu'à mon tour l'envie de partager se fasse sentir. Mais surtout, je souhaite vous montrer que photographier est aussi une manière d'apprendre à voir ou, pour reprendre le titre de l'émission de France Inter, Regarder voir !. N'est-ce pas justement ce qui nous réunit à l'occasion des balades, observer les chiens et la relation que nous lit l'un à l'autre pour, au final, mieux nous comprendre et vivre ensemble. 

Comme l'écrit Jean-Claude Ameisen dans la présentation de son ouvrage, Sur les épaules de Darwin :

"Il nous faut à la fois comprendre et ressentir. Mêler l'émotion et la raison. Les arts et la sciences. Monter sur les épaules des savants, des penseurs et des poètes. Sur les épaules des géants. Pour voir plus loin."

Essayons ensemble de voir un peu plus loin grâce à la photographie. Alors sans plus attendre, entrons dans le vif du sujet.

Plan de l’article

Réussir ses photos de chiens

-1- Pourquoi un chien ne se laisse pas prendre si facilement en photo ?

-2- Améliorer son cadrage

-3- Gérer le soucis du mouvement

-4- Les bénéficies d’une meilleure connaissance du comportement canin

-5- La prise en compte de la sensibilité émotionnelle du chien

-6- Trouver la bonne distance pour réussir ses photos

-7- Maîtriser l’effet surnaturel entre l’œil et le flash

-8- Se mettre au niveau de son sujet

Ressources pour la photo
Bibliographie
- 1 - Pourquoi un chien ne se laisse pas prendre si facilement en photo ?

Groupe de chiens qui pataugent dans une flaqueUne simple recherche d’images sur Internet avec l’occurrence « chien » permet de se rendre compte que la beauté du sujet ne fait pas tout. 

A la décharge du photographe en herbe que nous sommes, il faut dire que celui que les scientifiques nomment Canis familiaris, ne se laisse pas si facilement prendre en photo. Ses comportements apparamment imprévisibles transforment parfois la séances en course poursuite. L'oeil et l'objectif s'agite alors pour tenter de capturer le chien qui s'agite.

La tentation est grande dans une telle situation d'asséner un "Assis, stop, coucher, pas bouger !" pour faire rentrer dans le rang le sujet qui s'égard. Pour une photo, et sans doute aussi par manque de patience, on obtient de cette manière le plus souvent un portrait figé et sans expression de notre sujet qu'on pensait pourtant photogénique. 

Alors c'est vrai, les chiens, comme les enfants d'ailleurs, ne sont pas des sujets simples à photographier. Un jeune domaine de la science existe pourtant, l'éthologie (l'étude des comportements des animaux), qui peut vous donnez quelques clés pour prévoir plus facilement les comportements des chiens que vous souhaitez photographier. Je ne vais pas entrer dans le détail de l'éthogramme (répertoire comportemental) du chien. Des livres à la fois sérieux et de lecture agréable existent. Comme celui d'Alexandra Horowitz, Dans la peau d'un chien. Voici un commentaire de l'ouvrage proposé par la comportementaliste Stéphanie Michenaud. Concernant notre relation avec nos compagnons canins, vous pouvez également écouter le sociologue Dominique Guillo dans l'émission, La tête au carré diffusée sur France Inter. Il est également l'auteur de l'ouvrage, Des chiens et des humains, dont je vous recommande également la lecture.

Finalement, photographier des chiens ou tout autre chose nécessite une bonne connaissance de son sujet. Il suffit de converser avec des photographes animaliers pour se rendre de l'étendue de leur connaissance de ceux qu'ils ont choisis pour modèle. Vous l'aurez compris, pour peu que l'on souhaite saisir dans le regard d'un chien un instant vrai, une émotion, ceux-ci s'évaporent à la moindre injonction du genre "Tiens toi tranquille mais reste naturel". Une telle pression menaçante a en effet pour conséquence d'inhiber les chiens. Cette inhibition se traduit par une attitude typique à l'espèce canine avec les oreilles plaquées vers l'arrière, la queue basse, une expression faciale fermée et un regard fuyant. 

Heureusement, les chiens sont le plus souvent coopératifs avec les humains et ils apprécient leur compagnie. Nul besoin de vous camoufler pour photographier des chiens. Seule le respect d'une certaine distance vous aidera à capturer plus facilement les attitudes, les expressions et les interactions qui vous intéressent. 

Maintenant que vous en connaissez un peu plus sur le comportement des chiens, essayons d'aller un peu plus loin dans la technique pour les photographier.

- 2 - Améliorer son cadrage

Groupe de trois chiens qui courent dans les herbesLe cadrage est la première chose que l’on peut modifier facilement pour améliorer la qualité de ses photos. Certes les logiciels de retouche permettent aujourd’hui de rattraper un certain nombre d’imperfections. Mais à moins de créer une image de toute pièces, il vous sera difficile modifier en profondeur une image dont la composition n'aura pas été pensé au départ. Pour apprendre à cadrer vos photos et découvrir quelques règles d’esthétiques de l'image, vous pouvez vous exercez devant votre ordinateur avec des applications comme Cadrez-moi, créée par l’équipe du site Internet Rendezvouscreation.org (cf. Ressources pour apprendre la photo en bas de page).

Une fois ses bases maîtrisées il vous sera plus facile de les transgresser pour donner encore plus d'impact visuel à vos photos. 

- 3 - Gérer le soucis du mouvement

Fly en pleine courseMaintenant que vous êtes plus à l’aise avec les principales règles d’esthétisme de la photo, il vous reste à bien connaître votre sujet : le chien. Une première particularité de ce dernier saute aux yeux. Il est pour le moins mouvant et cela se voit sur beaucoup d'image qui ne laissent apparaître parfois qu'un morceau du chien en question passé trop vite pour tenir entier dans le cadre. Voilà tout l'intérêt de garder une certaine distance qui facilite le suivi d'un chien qui se déplace pour saisir son mouvement au bon moment.

Pour maîtriser le flou d'une image, il faut savoir que la netteté est liée au réglage de notre appareil. Mais déjà je vous sens septiques face à la teneur technique de cette dernière phrase. Si c’est le cas, rassurez-vous et n’ayez pas d’inquiétude. La plupart des appareils possèdent un mode préréglé pour remédier à cette difficulté. Généralement, il s’agit d’une position « sport » figurée par un petit bonhomme en mouvement.

C'est encore flou pour vous. Dans ce cas je vous encourage à franchir la première étape technique qui consiste à lire la notice de votre appareil. Vous verrez, celle-ci vous rendra bien des services pour trouver cette fonction et toutes les autres qui assure une assistance à la prise de vue.

Pour les plus téméraires d’entre vous, ceux qui, poussés par leur curiosité et l'envie de se passer du mode automatique peu créatif des appareils photos, alors voici une manière simple d'apprendre les bases du mode manuel. Une autre application permet de s'exercer avec son ordinateur. Il s'agit de Déclenchez-moi, proposé par l’équipe déjà citée.

Vous voici déjà un peu mieux armé pour réussir vos photos. En tout cas, maintenant que vous avez en main les moyens d’éviter les photos floues, vous pouvez oublier l’idée de lester votre chien pour ralentir ses mouvements. 

Après cet instant technique, prenons un peu de temps pour mieux connaître les comportements des chiens. Cela vous aidera à aller plus loin.

- 4 - Les bénéficies d’une meilleure connaissance du comportement canin

La difficulté de prévoir les comportements d'un ou plusieurs chiens nous fait rater pas mal de photos. Maîtriser son appareil ne suffit pas. Ce serait trop simple.

Heureusement, les chiens nous accompagnent, pour la plupart d'entre nous, depuis notre enfance. A leur contact nous avons acquis une connaissance implicite de leur comportement. Les lectures que j'ai déjà évoquées vous aideront à prendre conscience de ce savoir qui est vous. Elles peuvent être complétées par l'ouvrage de l’éthologue Frauke Ohl, Comprendre ce que dit votre chien.

Jeu entre chiensVous pouvez également consacrer du temps (et du plaisir) à observer des chiens dans les situations qui se présentent à vous. Avec le temps vous serez en mesure d'anticiper le déroulement des scènes qui se joueront devant vous. Il ne vous restera qu'à éviter certaines erreurs d'interprétation qui font parfois passer des situations pour ce qu'elles ne sont pas. Comme l'explique Frauke Ohl par exemple lorsqu'il évoque le jeu :

« Les chiens sont des animaux sociables et par conséquent ils aiment jouer et jouent beaucoup. […] Au cours du jeu sont utilisés des signaux appartenant à toutes les catégories d’expression décrites auparavant. Mais dans le cadre du jeu ils sont toujours affichés avec une intensité expressive exagérée, par exemple les mouvements sont faits avec beaucoup d’élan » (Ohl, 2007, p.44).

Cette explication montre qu'il serait dommage de faire cesser un jeu entre chiens que vous auriez pris à tord pour un vrai combat. A l'inverse, il convient d'avoir conscience qu'un appareil photo, surtout quand il est imposant comme un reflex, peu mettre mal à l'aise un chien et modifier son comportement. L'émotion qu'il ressent est un autre aspect à prendre en compte pour photographier dans les meilleures conditions votre chien.

- 5 - La prise en compte de la sensibilité émotionnelle du chien

Portrait de Jessica et HallayAvez-vous remarqué qu'il n'est pas rare de voir un chien se lécher jusqu'à la truffe quand un photographe fait un portrait de lui. Voilà une expression typique d'une situation stressante. A moins de rechercher un effet comique, cette attitude est plutôt inattendue. 

En son temps, Charles Darwin avait déjà mis en évidence la capacité émotionnelle des animaux non humains. Il a montré que ces derniers expriment les émotions qu’ils ressentent avec leur corps et leurs mimiques [ii]. Vous pensez que cette référence est datée. Elle est pourtant aujourd'hui confirmée. Comme le rappelle l’éthologue Marc Bekoff, « […] les recherches actuelles les plus avancées corroborent les observations et les idées de Darwin » (2009, p.82).

Voici quelques conseils pour prendre en compte ces émotions et en faire une force pour vos portraits de chiens.

Si la plupart des chiens ont de bonnes relations avec les personnes, le temps de la rencontre permet d'établir une relation de confiance qui se verra sur vos photos. Laissez votre modèle vous obs

erver, venir ou non vers vous et éventuellement vous sentir (ainsi que votre appareil photo). Ne l'oubliez pas, les chiens vivent dans un monde d'odeur plus qu'un monde visuel. Sentir nos mains et nos pieds est une manière pour eux de faire connaissance et pour certains de se rassurer sur nos intentions.

Une autre manière de faire consiste à prendre de la distance. Comme je vais le développer plus loin dans mon propos, c’est une stratégie simple pour éviter de susciter une émotion de peur. L'utilisation d'un téléobjectif (200 mm me paraît suffisant) vous aidera. Si vous utilisez un appareil compact, je vous déconseille la fonction de grossissement numérique qui détériore la qualité de l’image. Mieux vaut recadrer vos images sur ordinateur pour vous rapprocher de votre sujet.

Pour terminer, si vous n'êtes pas à l'aise avec les réglages manuels, choisissez la fonction automatique adaptée à la situation. En réglant à l'avance votre appareil et avec une observation patiente du chien qui vous intéresse, vous avez de grandes chances de réussir vos photos tout en respectant l'état émotionnelle de votre modèle.

- 6 - Trouver la bonne distance pour réussir ses photos

Pour respecter les émotions des chiens que nous photographions, l'espace est d'une aide précieuse.

Fly regarde au loinJe m'explique. Vous avez sans doute déjà ressenti un certain malaise en prenant l'ascenseur en présence d'autres passagers. Je ne parle pas ici de claustrophobie. Ce mal aise est la conséquence du manque d'espace dans une situation en présence d'inconnus. Un autre exemple permet d'apprécier l'importance de l'espace. C'est celui d'un enfant qui cherche à s'approcher des pigeons. Invariablement, ces derniers finissent par s'envoler. C'est l'émotion de peur qui provoque ce comportement. La fuite leur permet de se rassurer rapidement. L'émotion de peur n'est pas faite pour durer. La distance aide à apaiser une situation inconfortable. 

Si j’ai su piquer votre curiosité sur ce phénomène connu sous le nom de proxémie, vous pourrez en découvrir davantage en consultant l’ouvrage du sociologue Edward T. Hall, La dimension cachée.

- 7 - Maîtriser l’effet surnaturel entre l’œil et le flash

Portrait d'IxxelQuittons maintenant le monde des émotions pour nous intéresser à l'anatomie du chien. En particulier, la vision dont la ressemblance avec la nôtre est trompeuse [iii].

Si l’œil de nos velus m'intéresse ici, c'est qu'il nous réserve une mauvaise surprise quand le flash de notre appareil photo est activé. Qui n’a pas jamais vu le portrait d’un chien aux yeux intensément lumineux, pour ne pas dire phosphorescents. A moins d’avoir délibérément souhaité obtenir un effet surnaturel, vous avouerez que ce résultat est plutôt disgracieux. Et si des logiciels de retouche photo possèdent une fonction "œil rouge", n'espérez pas faire des miracles et redonner une vue habituelle à votre toutou.

Avant d'y remédier, essayons de comprendre ce défaut inattendu. Tout d'abord, comme de nombreux vertébrés, l’œil [iv] du chien possède une substance nommée tapetum lucidum. Cette matière lui permet d’avoir une vision nocturne bien meilleure que nous. Mais c'est elle aussi qui renvoie la lumière du flash qui donne parfois au chien sur la photo l'expression d'une inquiétante étrangeté.

Pour remédier à ce défaut, on pourrait activer la fonction anti "œil rouge" de l'appareil. Celle-ci consiste à envoyer un premier flash qui ferme la pupille pour éviter que le deuxième flash se réverbère dans le fond l'œil. Efficace avec l'humain mais peu avec le chien. Le mieux est de proscrire le flash directement dirigé vers la face d’un chien au moment de la prise de vue. Il nous reste deux solutions. Utiliser une source lumineuse indirecte en utilisant par exemple un flash qui peut être dirigé vers le haut et laisser le plafond clair renvoyer la lumière. Le plus simple sans doute est d'augmenter la sensibilité de son capteur pour le faire de 100 à 400, voire 800 ISO (au-delà même pour le modèles récents). Une fois encore, la notice vous aidera à régler correctement votre appareil.

- 8 - Se mettre au niveau de son sujet

Griotte marche vers nousPour ce dernier point avant de nous quitter, je vais essayer de vous convaincre de vous mettre à hauteur de chien. Je sais, à nos âges, les genoux et le dos ne supporte plus toute les gymnastiques. Allé, un petit effot, vous verrez combien est belle la récompense.

Les chiens partagent avec nos jeunes enfants la particularité d'être de taille plus petite que le photographe. Le résultat d'une photo prise de si haut est écrasant. Le chien ainsi photographié se trouve applati par l’effet plongeant de la vue. C'est sûr qu'on domine la situation mais en même temps cela traduit difficilement la complicité et un monde à hauteur de chien. Il suffit pourtant de se plier rien qu'un peu pour obtenir un résultat très différent. 

Nous voici arrivé au terme de cet article. Il ne me reste qu'à vous souhaiter de belles réussites photographiques. Et comme la photo est aussi un partage, j'espère vous avoir encouragé à m'envoyer les photos faites durant vos balades. Je me ferai un plaisir de les publier sur le blog.

Ressources pour apprendre la photo

« Cadrez-moi », outil pédagogique pour apprendre les bases de l’esthétisme en photo. Consultable à l’adresse : http://www.utc.fr/rendezvouscreation/francais/connaissances/outilspedagogiques/cadrezmoi/files/

« Déclenchez-moi », outil pédagogique pour apprendre à régler son appareil. Consultable à l’adresse : http://www.utc.fr/rendezvouscreation/francais/connaissances/outilspedagogiques/declenchezmoi/files/

Cours complet proposé par l’équipe d’Absolut photo pour découvrir la photographie. Consultable à l’adresse : http://www.absolut-photo.com/cours/

Introduction à l’art photographique proposée par la Bibliothèque nationale de France. Consultable à l’adresse : http://classes.bnf.fr/clics/index.htm

Autoformation à l’image numérique proposée par l’Académie de Grenoble. Consultable à l’adresse : http://www.crdp.ac-grenoble.fr/image/index.htm

Bibliographie

Balança E., Photographier les animaux : guide pratique. Ed° VM groupe Eyrolles, St-Just-La-Pendue, 2009.

Bekoff M., Les émotions des animaux. Ed° Payot, Paris, 2009.

Darwin C., L’expression des émotions chez l’homme et les animaux. Ed° Rivage poche, petite bibliothèque, Paris, 2001.

Girard C., La photo animalière. Ed° Pearson pratique, Paris, 2010.

Lou Matignon K. & Cyrulnik B. (2003), Sans les animaux le monde ne serait pas humain. Ed° Albin Michel, espace libre, Paris, 2003.

Ohl F., Comprendre ce que dit votre chien. Ed° Eugen Ulmer, Paris, 2007.

[i] La banalité du geste photographique ferait presque oublier l’histoire d'une technique qui, si elle était à son origine réservée à quelques spécialistes, s'est depuis largement démocratisée. Aujourd'hui intégré dans la plupart des téléphones mobiles, on peut se demander si l'appareill photographique et le geste qui l'accompagne ne vont pas finir par supplanter la simple conversation à distance. A moins que l'image et ce qu'elle véhicule de nos idées, de nos humeurs ne soit qu'une manière plus riche d'être en relation avec les autres.

Les ressources qui suivent vous permettrons dans savoir un peu plus sur l’histoire de la photographie depuis son invention.

-1- Musée Français de la photographie : site Internet consultable à l’adresse : www.museedelaphoto.fr ;

-2- De Niépce aux frères Lumière, dossier proposé par le centre national de documentation pédagogique et consultable à l’adresse : http://www.cndp.fr/themadoc/niepce/accueil.htm.

[ii] A propos de ce sujet vous pouvez prendre connaissance du document présentant L’exposition L’expression des émotions chez l’homme et l’animal présenté par le Museum d’histoire naturelle de la ville de Genève

[iii] Le site du vétérinaire Jean-Pierre Mauriès nous éclaire sur la vision du chien : http://www.vetopsy.fr/sens/vision/oeil-anatomie-vision-nocturne-chien.php 

[iv] En tant que photographe, il est sans doute intéressant dans savoir un peu plus sur la manière dont nous percevons le monde avec nos yeux. Claire König, enseignante en sciences naturelles, a justement rédigé sous le titre L’œil : la vision au-delà de la vision, un article permettant d’en savoir plus sur la constitution et le fonctionnement de l’œil chez les vertébrés. Son texte est consultable à l’adresse : http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/medecine-1/d/loeil-la-vision-au-dela-de-la-vision_667/c3/221/p3/

"Il nous faut à la fois comprendre et ressentir. Mêler l'émotion et la raison. Les arts et la sciences. Monter sur les épaules des savants, des penseurs et des poètes. Sur les épaules des géants. Pour voir plus loin."

Ameisen J.-C., Sur les épaules de Darwin, les battements du temps, éditions France Inter, les liens qui libèrent, 2012

Fly qui attend le groupe

Fly qui attend le groupe

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 21:00

Cet article rédigé par Stéphane présente le contenu de son intervention lors de la soirée-discussion proposée par l'université populaire du Sud Charente. Cette association s'inscrivant dans le mouvement de l'éducation tout au long de la vie a souhaité proposer à ses membres une nouvelle thématique consacrée à la relation homme-animal. C'est avec un grand plaisir que nous avons répondu à l'invitation de son président, Pierre-Marie Bourlon, pour ouvrir la discussion sur ce thème à partir d'une réflexion sur la relation entre les humains et leurs chiens. Deux autres interventions sont prévues en début d'année 2013 (voir le programme de l'université populaire du Sud Charente).

Réflexion autour de la relation entre l'homme et le chien

enfant-chien

Cette intervention a pour objectif d'introduire la discussion sur le thème des relations entre l’homme et l’animal, plus particulièrement celle qui nous unit au chien. Le choix pour cette espèce nous aidera à ne pas nous perdre dans l’étendu du thème. Entre lui et nous, il y existe déjà bien des choses à découvrir. J’espère tout de même que cet intérêt pour le chien suscitera votre curiosité pour les questions qui interpellent plus largement notre rapport au vivant.

Pour illustrer mon propos, je m’appuierai sur mon expérience professionnelle où les chiens et la relation que nous établissons avec eux tiennent une place importante. Je convoquerai également plusieurs auteurs choisis dans le champ des sciences humaines et animales. Cela montrera que ces domaines ne sont pas aussi hermétiques l’un à l’autre qu’on pourrait le penser. En outre, la rencontre avec ces penseurs vous permettra de recueillir quelques références bibliographiques pour approfondir le sujet.

Cette présentation repose sur trois parties abordant chacun un aspect permettant de mieux comprendre ce qui se joue dans la relation entre les humains et les chiens. Tout d’abord, j’expliquerai comment s’est érigée la séparation entre l’homme et l’animal.  Ensuite, je montrerai que les chiens vivant dans nos maisons ne sont plus tout à fait les mêmes que ceux qui aidaient autrefois nos proches ancêtres. Je terminerai en évoquant le premier malentendu à partir duquel débute parfois une relation avec un chien. Cela nous permettra d’engager une discussion dans laquelle j'espère vous montrer qu’il est plus simple de commencer par se comprendre si l’on veut vivre ensemble.

Plan de lecture

A.     Le chien : un animal bon à penser. 2

A.1 Qui est-il ?. 2

A.2. Une machine ou un sujet ?. 3

A.3. Origine de la séparation homme/animal : la pensée cartésienne. 5

B.     Une histoire en partage. 7

B.1. La fonction métaphysique de l’animal 7

B.2. Les premières domestications. 8

B.3. Du chien utilitaire au chien de famille. 9

C.     Quand un chien arrive dans la famille. 10

C.A. L’importance de l’attachement. 10

C.B. Se comprendre pour vivre ensemble

 

On l’a peut-être oublié, mais la dernière boucherie canine a fermé en Allemagne dans les années 1940. En paraphrasant le célèbre aphorisme de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, on voit que le chien n'a pas toujours été un animal juste bon à penser. Pourtant, la découverte des premières peintures d’animaux témoigne de la relation que nous avons toujours eue avec eux, avant même que nous vienne l’idée de les manger. Aibo, chien robot développé et commercialisé par la firme Sony, est un exemple montrant que cette fascination a perduré. En prenant l’apparence et en simulant certaines des caractéristiques comportementales des chiens, ce jouet électronique est un indice de la place bien particulière occupée nos compagnons canins dans notre société. Pour nous rendre compte encore une peu plus, voici une question sur laquelle je vous propose nous arrêter un instant.

Qui est ce chien vivant à mes côtés ?

Pour vous prêter à ce petit jeu de question, c’est simple. Sur une feuille, indiquez le nom de votre chien et donnez au maximum cinq adjectifs pour qualifier qui il est.

A.1 Qui est-il ?

médaille-nom-chien

Ce petit exercice n’a sans doute posé aucune difficulté à la majorité d’entre vous. Pourtant, comme nous allons le voir, les réponses sont loin d’être anodines. Pour commencer, intéressons-nous au nom donné à notre velu. N'est-ce pas là un nouvel indice de la relation particulière qui nous unit à lui ? En voici une illustration.

Quand je raconte une situation vécue avec Choupinette, il s’agit bien d’évoquer cette chienne si particulière à mes yeux. Pourtant, elle fait partie des 7,5 millions de chiens vivant dans une famille française(1). En la nommant, je choisis de la distinguer de la masse de l’espèce à laquelle elle appartient. Le nom que je lui attribu vient rappeler qu’au-delà d’une apparence commune à d’autres, elle possède des caractéristiques qui lui sont propres. Choupinette par exemple a pour habitude de monter sur mon épaule quand je suis assis dans le canapé. C'est ainsi qu'elle me signifie son besoin d'aller dans le jardin. En vivant avec un chien, on a tous des exemples a donné montrant combien chacun d'eux est d'abord un individu. C'est pour cette raison qu'il est bien difficile de réduire le chien aux caractéristiques de son espèces.

Dans son ouvrage consacré à la sociologie des prénoms, Baptiste Coulmont [2011, p. 105] fait remarquer que : « Les animaux domestiques (chiens et chats surtout) portent un nom qui les singularisent ». Sa démonstration s’appuie sur une étude de Colette Méchin [2004, p. 134] dans laquelle cette ethnologue explique que : « […] dans le règne animal, pour être nommé, il faut être distinguable, individualisable […] (2) »

Pour aussi évident que cela puisse paraître, considérer un chien en tant qu’individu à part entière est pourtant loin d’aller de soi. C’est d’ailleurs l'un des problèmes soulevés par la philosophie qui rappelle la frontière historiquement construite et encore bien présente qui sépare l’homme, être de culture, de l’animal, être de nature. Je ne dis pas bien sûr que tous les philosophes admettent cette séparation. Au contraire, les preuves apportées par la science, notamment l'éthologie, ont ces dernières années bouleversé les conceptions anciennes. Des philosophes comme Elisabeth de Fontenay contribue à rapprocher grâce à leurs réflexions deux mondes, animal et humain, que longtemps la pensée cartésienne a tenu à distance l'un de l'autre.

Où est le problème avec mon chien me direz-vous ? Il se situe justement dans le fait de se demander qui il est. En effet, ce qui en tant que pronom relatif renvoie indistinctement à une personne ou à une chose. Si je me demandant qui je suis, il n’y a aucun doute sur la réponse : je ne suis pas une chose, Stéphane n'est pas une chose mais une personne. Pour mon chien, la réponse est moins évidente. Il suffit de voir comment ils sont traités pour se demander s'ils ne sont pas le plus souvent considéré comme de simple chose. Or, de notre choix de considérer notre chien soit comme une personne, on pourrait dire comme un sujet pour rester raisonnable, ou comme une chose va découler une certaine manière d’être en relation avec lui.

Un détour par la philosophie va nous permettre d'en savoir un peu plus sur cette distinction qui nous conduit encore aujourd'hui à hériger une frontière si net entre nous et eux, entre notre culture humaine et leur nature animale.

A.2. Une machine ou un sujet ?

Parler du chien qui a grandi à nos côtés comme s’il s’agissait d’un objet en fera sans doute bondir plus d’un. Pourtant, sachez que cette question est loin de faire consensus. En effet, aujourd’hui encore des scientifiques et des philosophes appuient leurs travaux sur une conception de l’animal plus proche de la machine que du sujet. Ces derniers ne sont pas prêts, comme le fait le philosophe Dominique Lestel, à considérer que :

« L’animal est un sujet en ce sens qu’il interprète des significations et qu’il n’est ni une machine behavioriste qui réagit de façon instinctive à des stimulations extérieures, ni une machine cognitive qui traite de l’information » [2004, p. 85].

On peut comprendre que la thèse de l’animal-sujet dérange. Selon Lestel [2004], elle constituerait même la quatrième blessure narcissique pour l’humanité. En effet, après avoir admis avec Copernic que l’homme n’est plus au centre du monde, avec Darwin qu’il est une espèce d’animal, avec Freud qu’il est constitué par un inconscient « autonome et dynamique » qui n’est pas relatif à la conscience, l’homme découvre qu’il n’est plus le seul sujet dans l’univers.

Un exemple issu de mon expérience professionnelle montre l’ambivalence dans laquelle nous nous trouvons avec nos chiens que nous individualisons en les nommant et qui pourtant sont parfois traités comme des machines sans émotion.

Cette situation vécue remonte à ma formation d’éducateur de chien-guide d’aveugle. J’assistais dans le cadre d’un cours de zootechnie à la démonstration du tatouage d’un chiot. Je le tenais dans mes bras pendant que notre enseignante réalisait à l’a

ide d’une pince l’acte permettant d’inscrire dans son oreille un numéro d’identification. Alors que l’opération se déroulait sans anesthésie (eh oui, cette technique se pratique encore), le chiot s’est mis à crier.  Son émotion me traversa et je sentis mon visage changé de couleur. J'entends encore le professeur me professer, sans doute à la vue de ma mine déconfite : « Mais non, il ne sent rien ». D'où provenait donc ce bruit dans ce cas ? En lui posant la question, l’enseignante m’aurait peut-être expliqué que ce cri était la conséquence de l’agencement minutieux d'une mécanique semblable à une horloge suisse permettant de faire sortir l’air contenu dans les poumons du chiot qui, ainsi expulsé, a fait vibrer ses cordes vocales et provoqué du même coup un bruit strident. Et vous, qu’en pensez-vous ? Ma sensation que ce chiot avait mal n’était-elle qu’un excès d’anthropomorphisme ? Le philosophe Jean-Marie Meyer [2007, p.50] répondrait sans doute que oui, comme le montre sa réponse au journaliste Patrice Plunkett :

« En attendant ces cris, en regardant ces mimiques, nous avons l’impression de sentir « quelque chose qui nous parle », et nous disons de l’animal : « il ne lui manque que la parole ! Là est l’illusion. Prêter à l’animal quelque chose de mes pensées ou de mes intentions (alors que souvent je me trompe en les prêtant à d’autres humains), c’est gratuit, subjectif, et parfois périlleux ».

Si je ne partage pas ce point de vue, Meyer a tout de même le mérite de nous rappeler la vigilance à avoir pour ne pas tomber dans le piège des erreurs d’interprétations qui, plus souvent qu’on ne le pense, nous conduisent à mal comprendre notre chien. Mais comme le souligne également Meyer [2007], il nous arrive aussi de nous tromper avec les personnes. C’est peut-être à ce moment-là d’ailleurs qu’il se contredit, car ne pas se comprendre, n’empêche pas deux individus d’entretenir des relations, parfois profondes.

Les chiens sont des animaux dont on commence à mettre à jour les capacités sensorielles et cognitives. S’ils restent encore peu étudiés par rapport à d’autres espèces, ils devient difficile de ne pas leur attribuer des caractéristiques comme l’intelligence, l’émotivité ou la coopération.

L’historien Eric Baratay [2012, p. 44-45) rappelle que :

« […] les sciences contemporaines (éthologie, psychologie, neurologie…) […] accumulent les remises en cause et accordent de plus en plus aux animaux en capacité à évaluer et ressentir, en possibilité d’interprétation, de communication, d’initiative, d’adaptation ».

A.3. Origine de la séparation homme/animal : la pensée cartésienne

Je vais maintenant aborder la question de la séparation entre l’homme et l’animal. Il ne s’agit pas ici de visiter dans les détails les étapes et les auteurs ayant contribué à ancrer l’idée selon laquelle l’animal serait une machine. Mon intention est d’éclairer ce moment particulier où la pensée occidentale a été transformée par la thèse métaphysique selon laquelle le corps et l’esprit sont deux substances distinctes. Pour cela, j’ai choisi de convoquer René Descartes (1596-1650) considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne. Il vécut au XVIIe siècle, époque où débuta la révolution scientifique. Elisabeth de Fontenay, elle aussi philosophe, anime l’émission, Vivre avec les bêtes, diffusées sur France Inter le dimanche. Elle explique que Descartes :

 «  […] a décidé, pour mettre fin à ces croyances [celles liées à la réincarnation]qu’il trouvait absurdes et dangereuses pour le bien-être  humain, de construire une méthode de pensée qui libère les hommes, améliore leur vie et les rende heureux en leur donnant l’autorisation de devenir sans crainte, comme des maîtres et possesseurs de la nature. Ce grand philosophe a donc considéré que la seule façon de se débarrasser de cette attribution d’une âme à des bêtes et de la croyance à la réincarnation était de supposer que les animaux n’étaient rien de plus ou rien d’autre que des machines aux mécanismes très compliqués et qu’ils n’avaient reçu du Créateur aucune sorte d’âme, donc aucune sensibilité et aucune pensée » [De Fontenay, 2006, p. 33-35].

L'hypothèse cartésienne, remise en cause aujourd’hui, a permis la construction du système de pensée à partir duquel des progrès prodigieux ont été possibles. En contrepartie, les animaux ont payé un lourd tribut en devenant des machines au service de l’homme qui pouvait désormais les utiliser et les consommer sans modération. L’éthologiste et neuropsychiatre Boris Cyrulnik donne la mesure de l’impact du dualisme cartésien dans le champ des sciences :

« Le bénéfice de l’esprit cartésien, c’est l’analyse, qui nous a donné le pouvoir. Le maléfice du cartésianisme, c’est aussi l’analyse : on a coupé l’homme de la nature ; on a fait des animaux des choses, on a dit qu’un animal ne possédant pas d’organe de la parole ne souffrirait pas et, là-dessus, on en a déduit qu’un aphasique n’était pas un humain, qu’un enfant qui ne parlait pas ne devait pas non plus éprouver la douleur » [Lou Matignon et al., 2003, p.115].

Pour sa part, l’historien Eric Baratay qui tente de construire une approche historique envisagée du point de vue animale, explique :

« La rupture entre la culture et la nature a été fortifiée par les révolutions industrielle et agricole, par la constitution des sciences humaines aux XIXe – XXe siècles, qui se sont données pour but d’étudier les cultures, en les considérant comme des attributs humains distinctifs, et leurs manières d’utiliser la nature.  Tout cela a légitimé la vieille tentation d’ériger l’animal en objet […] » [Baratay, 2012, p. 46].

type-ontologieBaratay cite également les travaux de l’ethnologue et anthropologue Philippe Descola (3) qui :

« […] a montré qu’à côté de ce qu’il nomme le naturalisme occidental – qui fonde les différences entre humains et non-humains, voire entre humains, sur celles, supposées, des intériorités, et qui réserve la notion de sujet aux humains sur ce critère – existent, sur les autres continents, un animisme qui distingue d’après les différences physiques, un totémisme qui postule une ressemblance interne et externe de tous, un analogisme qui les différencie tous, au contraire, pour en faire des singularités » [Baratay, 2012, p.46 – 47].

En faisant ainsi remarquer qu’ailleurs des hommes pensent différemment leur rapport à la nature, Baratay [2012, p. 47] conclue :

«  […] il n’y a aucune raison immanente à ne pas faire évoluer la conception occidentale […] pour tenir compte des récentes remises en cause des sciences de la nature. Celles-ci incitent à ne plus définir l’animal par le défaut, l’absence, la privation de facultés, et à réduire le mur construit entre lui et l’homme – au titre de la possession exclusive par ce dernier de la pensée, du langage, de la culture – en parlant de pensées, de langages et de cultures de degrés variables, de capacités de vie, de mouvement, de réaction, de souffrance ».

Pour constater notre tendance à nous enfermer dans un système de pensée, voici un petit jeu souvent utilisé en formation. Pour accéder au jeu, suivez ce lien : http://villemin.gerard.free.fr/Puzzle/EnigClas.htm#neufpoin.

En revenant sur le basculement qui a conduit à ériger un fossé entre l’homme et l’animal, mon intention était de préciser un aspect fondamental de la relation avec le chien et qui explique les manières parfois contradictoires de le considérer. Pour illustrer ce rapport ambivalent, tantôt proche, tantôt distant, il suffit de mesurer l’écart séparant  les personnes considérant leur chien comme un membre de la famille à part entière (4) et celles pour lesquelles celui-ci ne représente qu’une valeur économique (5), avec entre autres conséquences l’existence d’usines à chiots où les chiennes sont transformées en unité à produire des bébés. Ce que nous observons aujourd’hui de la relation entre les humains et les chiens a pourtant quelque chose d’unique. C’est ce que nous allons voir en évoquant la grande histoire qui nous unit l’un à l’autre.

B.1. La fonction métaphysique de l’animal

peinture-rupestre

Avant d’avoir considéré les animaux comme des machines, l’homme a commencé par peindre leur image. Pour expliquer la raison de ces peintures, Cyrulnik [2000, p. 158] formule l’hypothèse que :

peinture-egypte-ancienne 1

« Les dessins des animaux épousent les reliefs de la roche et on peut imaginer que ces animaux s’animaient à la lumière tremblante des torches. Les hommes ont eu peut-être  le sentiment que ces animaux étaient de l’autre côté de la paroi et imprimaient leur force à la roche, tout comme les chrétiens du Moyen Âge étaient persuadés que le rayon du soleil qui pénétrait dans l’église par les vitraux était un morceau de Dieu ».

Dans son explication, Cyrulnik insiste sur la dimension spirituelle de la relation que nos lointains ancêtres entretenaient avec les animaux. Ces derniers étaient représentés dans de petits objets offerts aux défunts. Ces premières formes d’art montrent comment les animaux ont contribué à lutter contre le sentiment d’angoisse accompagnant l’éveil d’une conscience face à la mort.  Cette fonction métaphysique de l’animal s’est transformée avec l’apparition des outils. En lançant des silex taillés, les hommes ont découvert qu’ils pouvaient tenir les prédateurs à distance et ainsi s’en protéger. Cette première étape a sans doute donné aux hommes le sentiment d’une certaine maîtrise de la nature, sentiment qui s’est renforcé en apprenant à tuer les animaux.

B.2. Les premières domestications

squelette-chien-nécropole-néolithiqueDe tous les animaux, le chien est le premier à avoir été domestiqué. Par comparaison, la domestication du bœuf se situerait aux alentours de 8 500 ans avant notre ère. Quant au chien, le sociologue Domique Guillo [2009] précise dans son ouvrage, Des chiens et des humains, que les plus anciens crânes de canidés fossilisés découverts à ce jour, présentant des traits manifestement différents du loup, situent l’origine du processus de domestication du chien à plus de 14 000 ans.

Connaître l’origine du processus de domestication n’explique pas comment l’homme et le chien se sont rapprochés l’un de l’autre.  Si l’on se réfère à la thèse de l’animal-machine évoqué précédemment alors on aura tendance à penser que la domestication du chien est le résultat d’une appropriation intentionnelle par l’homme de la nature. Une expérience menée par le généticien Dmitri Belyaev semble le confirmer. Son hypothèse était qu’en faisant se reproduire des renards argentés on obtiendrait après plusieurs générations des individus aux caractéristiques semblables au chien domestique. Elle fut confirmée par les résultats montrant qu’après quarante générations, les renards sélectionnés avaient des traits nouveaux qui les rapprochent du chien.

Pour sa part, Guillo s’interroge sur la capacité des premiers hommes à planifier la domestication des canidés. Sa remise en question de la thèse intentionnelle s’appuie sur l’incapacité des hominidés à planifier un processus aussi complexe que celui de la domestication. Il étaye ainsi son propos :

« Rappelons tout d’abord que la séparation entre la lignée des chiens et celles des loups a commencé à s’opérer au contact des hominidés dont la culture technologique et l’organisation sociale traduisent une vie mentale très frustre, du moins du point de vue de la rationalité instrumentale et planificatrice » [Guillo, 2009, p. 46].

En s’inscrivant dans la perspective inspirée de la théorie de l’évolution néodarwinienne, Guillo suggère une autre manière d’envisager le rapprochement entre les humains et les chiens partageant une niche écologique commune. Comme il l’explique :

«  […] en se développant, l’homme a ouvert une nouvelle niche écologique [qui] a ensuite été colonisée, comme toutes les niches nouvelles, par des espèces opportunistes, qui se sont modifiées en conséquence et ont ainsi divergé des espèces initiales dont elles étaient issues – les loups, dans le cas des chiens » [2009, p. 52-53].

Cette hypothèse suggère que le chien n’est pas un spectateur passif de son évolution. Pour envisager autrement le rapprochement du chien et de l’homme, pensons à l’effet que peut avoir un chiot sur nous. Quelque chose en lui nous attire particulièrement. Face à ses caractéristiques physiques attendrissantes et son comportement pataud, un chiot nous incite le plus souvent à la caresse. Pourquoi n’en aurait-il pas été ainsi il y a plusieurs milliers d’années ? Pour découvrir d’autres scénarios possibles, je vous renvoie à la lecture du livre de Dominique Guillo.

Ce qui me semble intéressant à retenir ici, c'est l'idée selon laquelle les animaux les plus proches de l’homme seraient en fait ceux avec lesquels ils partagent une même niche écologique plutôt qu’une proximité génétique. Dans ce sens, le chien est plus proche de l’homme que le singe. Comme le remarque Zelda Crottaz dans son analyse des relations homme-animal telles qu’elles apparaissent à la télévision. En s’intéressant au singe, elle conclut son étude en indiquant que :

« […] leur proximité généalogique et leur ressemblance physique à l’être humain n’en font pas pour autant des « compagnons » de l’homme adaptés au monde humain » [Crottaz, 2012, p. 99-100].

Pour progresser dans la compréhension de la relation que nous entretenons avec les chiens, je vais m’intéresser maintenant à une histoire plus proche.

B.3. Du chien utilitaire au chien de famille

Pour parler du chien que nous connaissons aujourd’hui, il nous faut faire un grand bond en avant pour arriver jusqu’au milieu du XIXe siècle. C’est en effet à cette époque que l’on va trouver réunie l’ensemble des conditions permettant la démocratisation de l’intégration du chien dans la sphère familiale.

Avant d’entrer dans la douceur de la famille, rappelons tout de même que les conditions de vie des chiens ont longtemps été particulièrement rudes. Ils n’ont pas toujours occupé cette place de choix comme celle que nous leur octroyons volontiers aujourd’hui. Avant d’être protégés, les chiens ont subi la violence des hommes. Baratay [2012, p. 180] explique ainsi qu’à cette époque :

« […] Les chiens reçoivent d’abondants coups de trique ou de pieds s’ils n’obéissent pas assez vite, pas comme il faut ou pas du tout, s’ils oublient leur travail, s’absente pour folâtrer, s’attaquent, affamés, aux autres bêtes ou se rebiffent contre leur maître violent, voire s’ils sont simplement là et si les hommes veulent s’amuser avec dans la fête et les groupes, à l’instar de ce qu’ils font fréquemment avec les volailles et les chats ».

photo-chien-travailLongtemps, les hommes ont considéré le chien comme un animal leur permettant d’accomplir un grand nombre de tâches. Dans cette relation fondée sur le labeur, chacun reste à distance de l’autre. Les gens répugnent à caresser cet animal le plus souvent sale, malade, voire agressif quand il se déplace en bande.

Ce sombre tableau va pourtant s’éclairer avec l’amélioration générale des conditions de vie de la population. L’acquisition par un grand nombre de chiens du statut de familier se fera progressivement. Deux populations canines, celle des chiens utilitaires et celle des chiens de famille ont ainsi vécu pendant un temps côté à côte. Comme l’explique Baratay [2012, p. 278] :

photo-chien-compagnie 1

« On ne peut pas dire qu’il y ait création d’une condition nouvelle au XIXe siècle, car une bonne partie de ces aspects apparaissent avant, parmi les chiens de l’aristocratie d’Ancien Régime. Il s’agit plutôt d’une diffusion de cette condition en raison de l’adoption du chien de compagnie par les bourgeoisies, voire par des modestes, qui avait, elle aussi, commencé auparavant mais qui s’accélère à ce moment ».

Aujourd’hui, les chiens utilisés représentent une minorité de la population canine. Ce changement de statut a conduit à une explosion de la démographie des chiens à partir des années 1960 pour atteindre environ 9 millions d’individus en France au début du XXIe siècle. Les chiens ont désormais une alimentation sur mesure, ils sont soignés et certains bénéficient même d’un rituel funéraire quand ils meurent.

« Toutefois, cela ne doit pas faire oublier que la généralisation du chien de compagnie n’a pas éliminé la violence, mais a donné lieu à une sorte de mélange de préoccupation et de dédain : nombre de chiens sont maltraités, servent de souffre-douleur, sont abandonnés, notamment des jeunes, et rapidement euthanasiés dans les refuges ou les fourrières ; d’autres sont mal nourris, peu soignés, rarement menés en consultation, sauf pour être euthanasiés. Or la tendance augmente avec la précarisation économique de ce début de siècle. On peut même se demander si la stagnation puis la baisse récente du nombre de chiens, parce qu’ils correspondent moins à des familles plus éclatées, à la différence des chats, et le changement d’image dans le sens de la crainte, dû aux agressions de quelques-uns, n’annoncent pas un retournement et une autre étape de la vie canine » [Baratay, 2012, p. 313].

Ces quelques évocations de l’histoire des humains et des chiens montrent comment ils se sont progressivement liés l’un à l’autre. De ce passé plus ou moins lointain nous sont parvenues des traces rappelant que le chien n’a pas toujours été l’ami fidèle, soigné et éduqué que nous connaissons aujourd’hui.

Ce détour m’a permis de montrer que ce velu à qui nous avons ouvert l’espace de notre maison n’est plus tout à fait le même que celui qui hier était avant tout utilisé pour la chasse, la guerre ou encore le transport. En partageant avec lui l’intimité de notre foyer, nous avons conjointement transformé la relation qui nous unit. Mais comment au juste s’établit cette rencontre quand un chien arrive dans la famille ? Pour proposer une réponse à cette question, je vais piocher dans ma propre histoire.

C.A. L’importance de l’attachement

Comme beaucoup d’enfants, j’ai grandi sous le regard d’un chien. À dire vrai, je ne me souviens pas vraiment avoir partagé des moments particuliers de complicité avec Mickey qui fût le premier d’entre eux. Heureusement, mes parents m’ont rappelé comment celui-ci acceptait de se laisser faire alors qu’avec mes sœurs nous avions entrepris de nous faire transporter en grimpant sur son dos. Comment expliquer une telle tolérance du chien à notre égard ?

Konrad Lorenz

Si beaucoup de chiens vivent en parfaite harmonie avec nous, c’est d’abord parce qu’ils ont été profondément marqués par des contacts répétés et réguliers avec les premières personnes qu’ils ont côtoyées à l’endroit où ils sont nés. Ce phénomène que l’on nomme imprégnation a été mis en évidence par l’un des pères de l’éthologie, Konrad Lorenz. Durant une période dite sensible d’environ 5 semaines, un chiot est susceptible d’empreinte. C’est donc en grandissant dans notre environnement qu’il s’imprègne à nous pour toujours.

Imaginez maintenant qu’un chiot se développe à l’écart de tout et des hommes. Un tel isolement le privera des stimulations nécessaires à son bon développement. Plus grave encore, il deviendra un être affectivement fragile. On doit au psychanalyste John Bowlby d’avoir mis en évidence l’importance d’un attachement précoce. La carence affective de certains chiots explique leur recherche frénétique de contact à la vue d’une personne. Certains éleveurs l’ont d’ailleurs bien compris et n’hésite pas à isoler leurs chiots pour susciter l’acte d’achat. Et voilà comment peut débuter une relation, sur un malentendu. Séduit par l’attention que le chiot nous porte, débute alors une vie partagée avec un individu affectivement fragile.  

C.B. Se comprendre pour vivre ensemble

C’est justement pour lever ces malentendus possibles que je vous laisse maintenant la parole. Avez-vous quelques exemples de ces situations d’incompréhension ? Je vous propose de terminer cette présentation en poursuivant par un échange autour de cette question.

Notes

(1) Enquête sur le parc des animaux familiers, Facco/TNS Sofres [En ligne] 2010 [10/08/2012] : <URL http://www.facco.fr/Resultats-de-l-enquete-2006>

(2) Méchin, C., Les enjeux de la nomination animale dans la société française contemporaine, Anthropozoologica [En ligne] vol. 39, n°1, p. 133-141 [10/08/2012]

(3) Pour plus de détails sur les travaux de Descola présentés dans son ouvrage, Par-delà nature et culture (Gallimard, 2006), vous pouvez consulter son entretien avec Nicolas Rousseau disponible sur le site Actu-philosophia [En ligne] [10/08/2012] : <URL  http://www.actu-philosophia.com/spip.php?article250>

(4) Dans son ouvrage, Un animal et la vie est plus heureuse (Ixelles éditions, 2011, p. 92), Jean-Luc Vuillemenot se réfère à la psychologue Joanna D. Fisher selon laquelle la proportion de personne considérant leur animal comme un membre de la famille varie de 48 % à 99 %.

(5) Eric Baratay [2012, p. 294] fournit un repère de la valeur économique du chien en indiquant que : 

« […] l’augmentation de la production canine, estimée à 900.000 chiots en 2000, a suscité la création d’importants élevages où, dans un établissement sur deux d’après une enquête de la fin des années 1990, les bêtes vivent dans des conditions précaires. […] Biens de plus en plus précieux pour leur propriétaire, les chiens sont d’abord des produits commerciaux pour leurs vendeurs ».

Le dossier consacré au marché de l’animal de compagnie paru dans la revue Capital de janvier 2012 indique qu’un chiot se négocie quelques centaines d’euros et parfois jusqu’à 3000 € pour les races à la mode.

Bibliographie

A venir...        

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 18:22

La promenade comme expérience d’une relation co-construite entre l’homme et le chien

Nous vous présentons, sous forme d'article, le poster exposé dans le cadre du premier symposium d’éthologie vétérinaire organisé par la Société Européenne d’Ethologie Vétérinaire des Animaux Domestiques (SEEVAD).

Un grand merci à Stéphanie Michenaud et Nathalie Perret du Cray qui se sont rendues à ce colloque pour afficher ce poster et contribuer ainsi à faire connaître les actions de l'association. Nos remerciements vont également à Valérie Gomez pour les photos qui ont permi d'illustrer cette présentation.

« La marche introduit à la sensation du monde, elle en est une expérience pleine laissant à l’homme l’initiative. Elle ne privilégie pas le seul regard, à la différence du train, de la voiture qui introduisent la passivité du corps et l’éloignement du monde. On marche pour rien, pour le plaisir de goûter le temps qui passe, faire un détour d’existence pour mieux se retrouver au bout du chemin, découvrir des lieux et des visages inconnus, élargir sa connaissance par corps d’un monde inépuisable de sens et de sensorialités ou simplement parce que la route est là. »

David LE BRETON, Eloge de la marche.

Notre projet associatif : favoriser la relation entre l'homme et le chien

vickyLa présence du chien dans notre société donne lieu à des observations et à des interprétations différentes selon le point de vue adopté. Animal souvent associé à la fidélité, le chien peut aussi être perçu et parfois même désigné comme un individu dangereux. Le Code rural a d’ailleurs été modifié dans ce sens au moment de la promulgation le 6 janvier 1999 de la loi n°99-5 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux. Ce virage législatif est survenu dans les années 1990, en pleine médiatisation de ce que DIGARD [2004] nomme le « phénomène pittbull ». Mais au-delà de ce rappel historique et des contraintes légales qui en découlent, cet évènement est révélateur du changement de statut du chien dans notre société.

C’est dans ce contexte que les membres de l’association Balade Ton Chien (BTC) se sont regroupés en se donnant comme but de favoriser les relations entre l’homme et le chien. Cette communication propose de rendre compte de cette expérience associative où le chien est envisagé comme un acteur à part entière capable de participer à la construction de la relation avec les personnes présentes dans la situation. Il sera montré en particulier comment une simple promenade partagée entre des personnes et des chiens peut devenir le cadre d’une expérience participante où chacun apprend à se comprendre pour être ensemble.

bailla et le poisson

Un questionnement suscité par la place du chien dans la famille et la société

_elora.jpgNotre proximité de vie avec le chien familier ne se dément pas et nombreuses sont les personnes choisissant de cohabiter avec lui. D'ailleurs, si la population de chiens est en décroissance depuis quelques années, le sondage récent FACCO/TNS/ SOFRES 2010 révèle tout de même que 7,59 millions d'entre eux vivent dans une famille française. Cet engouement ne doit pourtant pas faire oublier que : « Après avoir vécu 10 000 ans avec des animaux, nous sommes en train de mettre en place un monde social dont ils seront exclus » [PORCHER, 2011, p. 127]. Le chien n'échappe pas à cette mise à l'écart. Les aboiements, les destructions, les morsures sont autant d'évènements qui peuvent conduire des propriétaires à envisager se séparer de leur chien.

Ces formes d'exclusion peuvent aussi s'exercer en dehors de la famille. On peut en repérer au moins deux qui découlent des mesures prises pour limiter les nuisances que le chien, en tant qu'espèce, représente aux yeux de certains citadins. La première forme d'exclusion est justifiée par l’impact économique de la présence animale dans les villes. Elle s'illustre par les contraintes limitant les lieux d'aisances des chiens. Souvent d'ailleurs elles s'accompagnent d'une obligation pour les propriétaires de ramasser les déjections de leur animal. La seconde forme d'exclusion est motivée par les mesures de protection à visée sanitaire. C'est le cas notamment des dispositions prises pour limiter les morsures dont la résonance médiatique dans les années 1990 a conduit à la promulgation d’une loi hiérarchisant la dangerosité d’un chien en fonction de son apparence physique [DIGARD, 1999]. Au final, comme l'écrit BLANC : « La vie organique de l'animal contribue à son rejet et aux maux qui lui sont attribués. [...] Vivre en ville revient à témoigner de sa capacité à adopter les règles d'hygiène et de maîtrise du corps. Or l'animal ne le peut pas, il doit donc être contraint dans le cadre des usages humains » [2000, p. 88-89].

Balade ton chien Metz 03102010 16 [800x600]Ce constat révèle les tensions existantes dans la relation que nous entretenons avec le chien. Aujourd'hui, nous lui reconnaissons légalement une sensibilité et nous lui prêtons volontiers une capacité à partager avec nous du sens autour d'une proximité affective. Dans le même temps, des mesures contraignantes sont mises en place qui a pour effet d'exclure le chien de notre vie sociale. Face à un tel paradoxe, on peut s'interroger :

 

  • Comment est-il envisageable de partager un quotidien avec cet animal que beaucoup choisissent d’accueillir, mais dont les règles de vie en société imposent le contrôle ?
  • De quelle manière est-il possible de (re)découvrir cet individu si familier, mais dont le comportement se révèle parfois gênant, voire inquiétant ?

 

Les contours des réponses à ce questionnement pourraient contribuer à révéler l'importance de la présence du chien dans notre quotidien, et plus largement celle des animaux dans notre société. C'est dans ce sens que l'activité de promenade est envisagée par les membres de l'association. Il s'agit avant tout de permettre aux participants de vivre une situation où chacun va pouvoir apprendre de l'autre et ainsi faire l'expérience que « [...] vivre avec les animaux nous transforme. Les animaux nous éduquent et nous donnent des compétences dont nous nous pensions dépourvus » [PORCHER, 2011, p.127-128].

Utay et Beroi

Une réflexion visant avant tout à présenter les réflexions et les actions d’une équipe

A la différence d'une étude scientifique aboutissant à la présentation de résultats de recherche, cette communication rend compte du projet développé par les membres de l'association dans le domaine de la relation avec le chien familier. Les résultats présentés visent à montrer comment une posture de praticien réflexif permet, d’une part, de donner du sens aux actions engagées et, d’autre part, d’aider à faire dialoguer les savoirs pratiques et les savoirs théoriques.

Copie--2--de-DSCN8438.jpgLa réflexion proposée s’appuie sur les observations réalisées dans le cadre de nos activités, en particulier les promenades réunissant des personnes et des chiens. La vidéo et la photographie sont les principaux outils utilisés pour conserver la trace de ce vécu en situation.

Les interprétations proposées se fondent sur la déduction et l’inférence. Elles résultent d'un croisement entre l’expérience des promenades et des apports théoriques issus de lectures choisies pour la légitimité scientifique des résultats que leurs auteurs proposent. Notre formation en sciences humaines et sociales nous a conduit à privilégier ce domaine.

La participation à des balades dont l'un des effets peut-être l'apprentissage d'une relation partagée avec le chien

P1010290-1-.jpgReposant sur la théorie de l'apprentissage situé (situated learning), la grille de lecture proposée par BROUGERE [2009] permet de comprendre comment un apprentissage est possible dans le cadre d’une promenade en groupe. Cette forme d'apprentissage est issue de la pensée socio-constructiviste. Celle-ci postule que la construction de connaissances et le développement de compétences existent dans des situations réelles ou authentiques, c'est-à-dire des situations présentant un environnement social complexe. Cette forme d'apprentissage repose en partie sur la notion de participation. Car comme l'écrit BROUGERE : « C’est en participant que l’on apprend » [BROUGERE, 2009, p. 267].

C’est donc l’engagement à participer qui permet de comprendre comment des individus peuvent apprendre dans le contexte informel de la vie quotidienne. La promenade en groupe avec des chiens est l'une de ces occasions du quotidien où il est possible d'apprendre. Mais pour rester dans le cadre d'une situation informelle, encore faut-il parvenir à trouver le point d'équilibre évitant de basculer dans une activité visant explicitement l’apprentissage. Comme c'est le cas avec les structures proposant des "balades éducatives".

Y parvenir permet alors de montrer que d'autres logiques d'apprentissage existent. Mais la difficulté est d'appréhender ces manières différentes d'apprendre alors que nous sommes plus familiers de ce que nous avons connu en recevant un enseignement. Il en va d'ailleurs de même avec nos chiens pour lesquels la référence en termes d'apprentissage est souvent issue des terrains de dressage (éducation). Pourtant, comme l'explique BROUGERE :

« Elle [la théorie de la participation] permet [...] de comprendre comment le quotidien peut être un espace d'apprentissage puisqu'il est ouvert à la participation de tous par définition (et par opposition aux activités spécialisées ouvertes à certains seulement » [2009, p. 278-279].

Et comme ce sociologue le précise :

« Derrière la participation, il y a [...] des groupes qui lui donnent sens et lui confèrent un cadre, groupe que les théoriciens de cette conception de l'apprentissage ont nommé " communauté de pratique ", renvoyant à la double dimension d'une relation à d'autres, dans le cadre d'un faire, d'une pratique, d'actions ou d'activités » [BROUGERE, 2009, p. 268].

La promenade peut donc aussi être un lieu d'apprentissage de la relation entre l’homme et le chien familier

rencontre-1-1-.jpgLe chien familier partage depuis des milliers d’années la niche anthropologique du chien. De cette co-évolution résulte des transformations réciproquent reflétant la nécessité pour ces deux espèces de s’adapter l’une par rapport à l’autre [GUILLOT, 2009].

Dans le prolongement de cette grande histoire, une autre plus modeste existe, celle d’un quotidien partagé entre une famille humaine et son compagnon canin. Ces temps de vie partagés par ces deux espèces sont intéressants, car ils renferment les traces, le plus souvent non visibles, des apprentissages permettant de former ce que LESTEL [2003] nomme des « communautés hybrides ».

Interactions_4025.jpgLa promenade en groupe est l’un de ces moments du quotidien qui révèle ces apprentissages qui se font jour après jour et sans lesquels les humains et les chiens ne parviendraient pas à construire des relations. Les situations d’interactions sont des moments particulièrement révélateurs de cette aptitude à être et à faire ensemble. Un regard échangé, un contact physique ou encore le partage d’un morceau de bois sont autant de situations montrant les aptitudes mobilisées pour solliciter l’autre et interagir avec lui.

Un aspect également intéressant de la promenade en groupe repose sur l’absence de formalisation d’un apprentissage. En effet, cette activité est vécue sans qu’il y ait une intention de la part des personnes d’agir directement sur le chien pour orienter ses comportements.

En se promenant, l'attention que les personnes portent à leur chien est moins soutenue. Les participants cherchent moins à contrôler la situation. Il en résulte une plus grande liberté dans l'expression des comportements des chiens qui peuvent ainsi mieux s’adapter aux situations rencontrées et aux interactions avec leurs congénères. Les courses poursuites en sont une bonne illustration. Moins soumis à la pression menaçante des regards humains qui contrôlent, les chiens évoluent dans une ambiance légère qui augmente leurs possibilités d'actions. Ils ajustent plus finement leurs mouvements et leurs déplacements sont mieux orientés. Au final, la communication entre les chiens est de meilleure qualité, ce qui leur permet de mieux se comprendre. Et si un conflit survient, la situation s’apaise rapidement.

Bella et sa chaussure

En guise de conclusion


famille-Carol.jpgLa promenade en groupe se révèle être un moment privilégié pour découvrir les capacités des chiens à interagir ensemble dans une bonne entente. C'est aussi une opportunité pour des personnes d'enrichir leur expérience de contact avec cet animal. En se promenant, chacun expérimente à son rythme une variété de situations permettant de mieux vivre son quotidien partagé avec un chien. Au final, une activité aussi simple qu'une balade montre qu'il suffit parfois de peu de chose pour permettre aux humains et aux chiens de se (trans)former mutuellement.

Bailla et Doshan

Bibliographie

BLANC, N., Les animaux et la ville, Odile Jacob, 2000, 232 p.

BROUGERE G., ULMANN A.-L. et all, Apprendre du quotidien, PUF, 2009, 278 p.

DIGARD, Les Français et leurs animaux : ethnologie d'un phénomène de société, Hachette, 2005 (1999), 281 p.

LESTEL, D., Les origines animales de la culture, Flammarion, 2009, 414 p.

PORCHER, J., Vivre avec les animaux : une utopie pour le XXIe siècle, La découverte, 2011, 159 p.

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 12:58

Suite à la mise en ligne récente sur le blog de notre association Balade ton chien d'une première partie de l'article (consultable à l'adresse : http://0z.fr/pCZWr) consacré au jeu dans la relation avec nos chiens, je viens vous informer d'un évènement qui se déroulera le samedi 29 mai dans de nombreuses villes de France :

La fête mondiale du jeu

Une occasion pour chacun de vivre une expérience. Car n'est-ce pas finalement en jouant qu'on perçoit le mieux ce qu'est le jeu ?

Toutes les animations proposées dans chaque département sont disponibles à l'adresse : http://www.alf-ludotheques.org/evenements/fete-jeu-carte.php

 

mondiale-du-jeu-29052010.jpg Pour les messins voici le programme :

A l'occasion de la 10° édition de la Fête du jeu, les Eclaireuses Eclaireurs de France et la Ludothèque Le Coffre à jouet, en partenariat avec plusieurs associations messines, organisent un évènement festif au coeur de la ville.

Cette fête se déroulera le samedi 29 mai 2010 de 11h à 18h sur la Place Saint Louis.
L’objectif est simple : proposer aux messins (et aux autres ! ) de venir jouer, que ce soit pour un court instant ou toute la journée ! La participation à la Fête du Jeu est entièrement gratuite et ouverte à tous !

A Metz, un grand nombre d’animations variées seront proposées : plus de 40 jeux géants avec des lieux à thèmes, un puzzle surdimensionné, un rallye dans l’ensemble du quartier (Place St louis, Place St Quarteau, Place St Simplice …), ainsi que bien d’autres surprises!

Ainsi, cette journée fera la promotion du jeu sous toutes ses formes : jouets, jeux de société, de plein air, traditionnels … Il s’agira notamment de favoriser la pratique du jeu dans les lieux publics et prives, les institutions, la rue ou encore l’espace familial.

Ce moment Ludique sera placé sous le signe de l’amusement pour tous !
Alors, n’hésitez plus : venez jouer !

 

 

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 09:00

Présentation de l’article

 

argus-et-odin-2.jpgCet article fait suite aux deux temps d'échanges organisés par les équipes Balade ton chien de Vendée et de Moselle (http://0z.fr/6-w6h). Cet article revient en détail sur le thème du jeu dans la relation avec le chien.

Ce texte est l'occasion de revenir sur un sujet qui intéresse bon nombre de personnes vivant avec un chien. Mais que le lecteur soit prévenu, il ne trouvera pas de conseils ou de méthodes. Il ne s'agit pas ici de réduire le jeu à un simple moyen visant à contrôler les comportements d'un chien. Au contraire, notre intention est de rappeler que le jeu est d'abord la conséquence de ce lien si particulier qui nous unit aux chiens.

Si votre intérêt vous porte à découvrir les coulisses du jeu chez nos compagnons canins et à saisir l’intérêt de partager avec ces velus des expériences ludiques, alors cet écrit répondra à votre attente.

 

Contribuez à la mise en image de cet article en proposant vos photos et/ou vidéos d'illustration

(merci de me les faire parvenir à l'adresse steph.tk@laposte.net en indiquant le paragraphe de destination)

 

Voyage dans l'univers ludique partagé avec nos chiens

1.      Entrer dans le jeu de la relation avec nos chiens

1.1.        l’intérêt du jeu dans la vie partagée entre des humains et des chiens

1.2.        L’idée d’une relation ludique avec les chiens est-elle envisageable ?

1.3.        Ces jeux qui n’en sont pas

Bibliographie

Notes

1.    Entrer dans le jeu de la relation avec nos chiens

S’intéresser au jeu chez le chien suppose déjà d’admettre qu’ils jouent. Quelle personne dirait autre chose si on lui demandait ce que fait son chien poursuivant la balle qui vient de lui être lancée. C’est pourtant cette certitude qui m’a soufflé l’idée d’ouvrir la discussion de la réunion consacrée à ce sujet en déclarant : « Le jeu n’existe pas ! » Et si cette proposition a d’emblée jeté un trouble chez les participants, rapidement un vent d’opposition quasi unanime s’est levé.  Finalement, en cherchant à justifie le choix d’affirmer l’existence du jeu, chacun a pu mesurer que l’évidence des activités ludiques n’est qu’une apparence. C’est d’ailleurs ce que vous-même allez pourvoir découvrir dans cette 1ère partie d’article qui débutera par le questionnement servant de cadre à cette réflexion, pour se poursuivre sur la base de quelques considérations permettant d’envisager la relation ludique avec le chien, et qui se terminera par l’évocation de ces jeux qui n’en sont pas.

1.1. l’intérêt du jeu dans la vie partagée entre des humains et des chiens

Chacun de nous possède l’expérience du jeu et du plaisir qui l’accompagne. C’est là d’ailleurs deux aspects des activités ludiques que nous partageons avec nos chiens. Au-delà de ce constat qui fera sans doute consensus, une question se pose tout de même :

  • Comment le jeu peut-il permettre d’enrichir notre relation avec nos compagnons canins ?

Pour apporter quelques éléments de réponse à ce questionnement,  je m’attacherai principalement à montrer que les activités ludiques dans la vie de nos velus présentent l’intérêt d’être une voie d’accès leur permettant :

  1. D’acquérir des informations sur le monde dans lequel ils vivent. Autrement dit, mon intention est de montrer que le jeu permet d’enrichir le monde vécu du chien ;
  2. D’établir des liens avec leurs congénères et leur famille humaine. Autrement dit, mon intention est de montrer que le jeu permet au chien de développer des compétences sociales intraspécifiques[1] et interspécifiques[2].

En annonçant aussi clairement mon intention, peut-être serez-vous tenté de me reprocherer un certain parti pris pour le chien, ne voyant finalement que le reflet d’un désir de défendre la cause des chiens. Pourtant, en prenant le temps de la lecture, vous découvrirez que le jeu chez le chien possède bien plus de similitudes avec celui de l’homme, que le simple partage d’une expérience émotionnelle. Car finalement, parler du jeu chez le chien, n'est-ce pas tout simplement une façon de mieux comprendre ce qui fait la spécificité de l’Homme ? Comme le montrent dans leurs ouvrages Claude Bensch, Mélanie Klein, ou encore Stéphane Jacob et Thomas Power, auteurs qui seront convoqués dans la deuxième partie de cet écrit (cf. bibliographie). Et comme le révèle également, au-delà de ces apports théoriques, choisies avant tout pour éclairer avec sérieux mon propos, les expériences issues de notre quotidien partagé avec nos chiens qui viendront éclairer par des exemples concret cette réflexion sur le jeu.

Au final, c'est mon double intérêt à comprendre la vie des chiens et celles des Hommes, qui conduira la pensée que je développerai au fil de cet écrit destiné à dévoiler les aspects de la dimension ludique tels qu’ils se laissent observer dans le rapport qui unit ces deux espèces. Mais avant de nous concentrer précisément sur le jeu, voyons pour commencer dans quelle mesure il est possible d’envisager une relation ludique avec le chien.

1.2. L’idée d’une relation ludique avec les chiens est-elle envisageable ?
1.2.1.   La place du jeu dans la vie des Hommes

À notre époque où le slogan « travailler plus pour gagner plus » rappelle la forte valeur que représente le travail dans notre société, on finirait presque par oublier la place importante également accordée aux loisirs[3].  En considérant le jeu comme un loisir parmi d’autres, ce qui ne fait aucun doute pour Gille Brougère[4], cela veut-il dire pour autant que l’on joue beaucoup ? Pas vraiment si l’on se fie à l’étude[5] de l’INSEE[6] indiquant qu’en moyenne nous consacrons 15 minutes de notre temps de loisir à jouer. Malgré cet indicateur qui pourrait laisser penser que l’on joue peu, il est tout de même remarquable de constater que le jeu, encore largement associé au monde de l’enfance, a su pourtant conquérir tous les âges et toutes les couches sociales[7]. Comme me le confirmait dans un entretien une professionnelle formée en sciences du jeu qui me disait :

« C’est vrai que c’est pour moi une avancée de l’homme d’avoir libéré, comme ça, son rapport au jeu. À une époque, les jeux d’adultes, c’était réservé à l’aristocratie, à la bourgeoisie. C’était au château qu’on jouait. Mais voilà, au fur et à mesure, on a libéralisé un peu tout ça. Donc le jeu est arrivé dans la plupart, en tout cas en France, dans la plupart des foyers. Et on a, comme ça, une évolution du jeu et de la place du jeu que je trouve passionnante et très intéressante. [8] »

Si ce constat peut paraître d’une faible portée, il a pourtant le mérite de montrer que le jeu, encore souvent opposé à la rigueur du travail,  est une affaire qui mérite d’être prise au sérieux. Mais surtout, cet extrait d'entretien révèle combien le jeu est un aspect incontournable de nos vies d'Homme, tout autant que le travail. Comme l’avait déjà fait remarqué en son temps Johan Huizinga (2008) qui consacra un essai à la fonction sociale du jeu dans lequel il écrivait en avant-propos :

« Lorsqu’il est apparu clairement que le nom de Homo sapiens convenait moins bien à notre espèce que l’on ne se l’était figuré jadis, parce qu’en fin de compte nous ne sommes pas aussi raisonnables que l’avait imaginé le siècle des Lumières dans son naïf optimisme, on a cru bon d’ajouter à la première définition celle de Homo faber. Or, ce second terme est encore moins propre à nous définir que le premier, car faber peut qualifier maint animal. Et ce qui est vrai de l’acte de fabriquer l’est aussi du jeu : nombre d’animaux jouent. En revanche, le terme de Homo ludens, l’homme qui joue, me semble exprimer une fonction aussi essentielle que celle de fabriquer, et donc mériter sa place auprès du terme de Homo faber » (p.11).

Maintenant que nous sommes libérés de la futilité enfantine des activités ludiques, nous allons pouvoir entrer pleinement dans cette réflexion centrée sur le jeu. Cette occasion va me permettre de vous montrer que sous son apparente simplicité, cette notion recèle en réalité bien des mystères qui rendent les situations ludiques partagées avec nos velus, aussi intrigantes que passionnantes. Mais pour parcourir ce chemin initiatique vers cette « chose nommée jeu » - pour reprendre l’expression de Jacques Henriot (1989, p.85.) -  encore me faut-il prendre un temps pour délimiter les contours de cette réflexion. Cette précaution sera une garantie pour ne pas nous perdre dans les méandres de la complexité de la notion du jeu. Mais surtout, il va s’agir pour moi de vous montrer l’intérêt d’approcher le jeu pour penser de manière plus large la relation qui nous unit au chien.

1.2.2.   Une relation avec le chien qui s’est profondément transformée

Cette relation justement, elle aussi possède quelque chose de mystérieux qui la rend si intrigante et passionnante. Il suffit de constater combien le chien continu de susciter notre intérêt alors même qu’il est devenu majoritairement inutile. Pour nuancer ce propos, on pourrait dire que l’utilité du chien n’a plus l’aspect utilitaire qu’on lui connaissait à l’époque pas si lointaine où ce velu accompagnait encore l’homme dans son labeur. Désormais, le chien ne semble avoir d’intérêt pour l’Homme que celui de servir sa compagnie. C’est en tout cas ce qu’explique Jean-Pierre Digard (2005) quand il écrit dans son ouvrage, Les français et leurs animaux, que :

« Pour accéder pleinement à leur statut d’intimes de l’homme, ces animaux ne doivent servir à rien d’autre qu’à sa compagnie et donc être entièrement disponibles pour leur maître » (p.33).

Si ce point de vue est discutable, un regard tourné vers l’histoire[9] du chien amène à constater, malgré tout, qu’il est difficile  de contredire cet anthropologue quand il précise que :

« Aujourd’hui, il n’y a plus rien de commun entre l’animal « bon à tout » qu’il [le chien] était encore il n’y a pas si longtemps et sa situation d’animal de compagnie par excellence, avec tous les privilèges attachés à ce statut » (Digard, 2005, p.36).

A y regarder de plus près, cette apparente inutilité de nos animaux familiers révèle surtout le changement profond de la nature des activités que nous partageons avec nos chiens. La relation utilitaire associant le chien à nos activités de travail a laissé place aujourd’hui à une relation d’une tout autre nature dans laquelle la dimension affective prédomine. Face à ce constat, peut-on alors vraiment affirmer, comme le fait Jean-Pierre Digard, que les chiens ne servent à rien ? Je n’ai pas de doute quant à l’existence de quelques irréductibles nostalgiques pour répondre par la négative à cette question. Ils sauront étayer leurs propos en rappelant qu’il existence encore aujourd’hui des activités utilisant le chien comme berger, protecteur, truffier, chasseur, etc. Pourtant, force est de constater que ces formes d’utilisations de celui qu’on qualifie aisément de « meilleur ami de l’homme » sont devenues marginales en plus d’être généralement pratiquées dans un cadre de loisir, qui les éloigne d’autant de leur fonction d’origine. Et même l’exemple de chiens qualifiés d’utilitaires, comme ceux croisés dans la rue en situation de guider une personne déficiente visuelle, confirme, par un rapide calcul[10], cette tendance. Mais cette attention portée sur l’érosion utilitaire du chien met surtout en lumière que le statut de cet animal dans nos sociétés modernes et le rapport que nous entretenons avec lui ont profondément changé.

Dans la continuité de cette idée, une autre question se pose. Peut-on dire qu’en ne servant apparemment à rien,  les chiens sont devenus des animaux qui ne font rien ? C’est en tout cas une vision que semblent défendre les spécialistes pour lesquels les difficultés rencontrées avec cet animal sont la conséquence de son ennui. À l’exemple du vétérinaire Joël Dehasse (2009) qui introduit son dernier ouvrage intitulé, Mon chien est heureux, en affirmant que :

« Tous les chiens s’ennuient. Okay, j’exagère. Je veux dire que 80%  des chiens de famille s’ennuient. Seulement 80% ? Sans doute plus, mais contentons-nous de 80 » (p.15).

S’il ne s’agit pas ici de débattre de l’ennui avéré ou non chez le chien, cette vision est intéressante parce qu’elle est révélatrice de notre souci contemporain à l’égard du bien-être de nos animaux familiers. Attention particulière qui, là encore, permet de mesurer à quel point notre relation avec nos chiens s’est transformée.

Au final, ces deux points de vue d’auteurs, dont je comprendrais qu’elles suscitent la contestation, ont tout de même l’intérêt d’aider à saisir la transformation profonde de la relation dans laquelle nous sommes engagés avec le chien. Mais le plus remarquable dans ce changement est de constater que notre compagnon canin, encore consommé[11] il y a peu dans notre pays pour sa viande et sa  fourrure, est désormais considéré par bon nombre de personnes comme un membre à part entière de nos familles humaines.

1.2.3.   Une communauté mixte hommes-chiens où le jeu à sa place

Après avoir étayé mon propos sur la base de deux thèses révélant pour l’une,  l’inutilité actuelle du chien, et pour l’autre, son ennui inhérent au fonctionnement de nos sociétés modernes, il me paraît nécessaire d’en atténuer la portée. En effet, en révélant la transformation de notre rapport avec nos animaux familiers, ces deux visions laissent à penser que le chien est enfermé, sans marge de manœuvre, dans une dépendance relationnelle au sein de laquelle, seul l’humain tout puissant agirait pour le meilleur et le pire de son animal. Or, de mon point de vue, celui qui sera présent en filigrane de cet écrit, notre rapport avec le chien est différent. Car n’oublions pas que le chien est aussi un acteur social apte à construire son monde propre et à lui donner du sens. L’approche qui est la mienne dans cet écrit veut prendre en compte la capacité de cet animal à interagir au sein d'un rapport interespèce où chaque individu humain et canin possède un certain degré d’autonomie. Car comme l’explique le sociologue Dominique Guillo (2009) dans son ouvrage, Des chiens et des humains :

« […] il peut exister un authentique lien social entre l’homme et l’animal, autrement dit un lien fait d’interactions entre deux parties prenantes actives, et non simplement un rapport entre un sujet, d’un côté, et une chose, de l’autre. Un tel constat autorise à évoquer l’existence d’une véritable société mixte composée de deux espèces : les humains et les chiens » (p.286).

C’est donc dans cette perspective d’une véritable communauté mixte interespèce que se situe cette réflexion s’intéressant plus particulièrement à la dimension « zooludique[12] » - pour reprendre l’expression de la sociologue Delphine Descamps – de la relation homme-chien. En centrant ainsi cette réflexion sur le jeu, il s’agit également de vous inviter à envisager les activités ludiques partager avec votre velu comme un moyen d’exploration et d’enrichissement de votre relation avec lui. Car comme le suggère le philosophe Dominique Lestel (2003) en conclusion de son ouvrage, Les origines animales de la culture :

« Il est peut être temps de reconnaître que les “devenir-animaux“ chers à Deleuze et Guattari sont plutôt des devenirs conjoints animaux et humains, qu’ils sont émotionnels et collectifs, plutôt qu’intellectuels et individuels, et qu’ils peuvent sortir des marges pour devenir le pivot de sociétés inédites, sensiblement différentes des sociétés occidentales que nous connaissons, et sans doute plus proches des sociétés “premières“ qui nous reste encore inaccessibles pour cette même raison » (p. 407).

Si la proposition de Dominique Lestel est séduisante, encore faut-il savoir comment l’expérience du jeu avec son chien et l’état d’esprit ludique qui en découle pourraient favoriser l’émergence d’une forme relationnelle inédite avec nos velus.

Entrer directement dans le vif du sujet pour apporter quelques réponses à ce questionnement est tentant. Pourtant, il me paraît nécessaire de prendre un temps pour délimiter les contours de cette réflexion portée par la notion de jeu. Cette précaution permettra de naviguer avec plus d’aisance dans l’univers du ludique dont on commence déjà à mesurer la complexité. Cette prudence nous évitera aussi l’écueil du détournement dont cette notion est régulièrement la victime malheureuse, à tel point d’ailleurs que son âme et son esprit finissent parfois par nous échapper.

1.3. Ces jeux qui n’en sont pas
1.3.1.   La difficulté de définir et de dire ce qu’est le jeu

Si la dimension relationnelle avec le chien justifie que l’on s’intéresse à comprendre ce qui se joue au sein des activités ludiques partagées nos velus, c’est pourtant bien le jeu qui est au cœur de cet article. Aussi, une manière simple de commencer cette réflexion aurait pu être de répondre à la question « qu’est-ce qu’un jeu ? » Il m’aurait alors suffi d’ouvrir un dictionnaire pour vous livrer telle qu’elle la définition. Or, ce n'est pas mon intention. Ne soyez pas déçu, rien ne vous empêche d'ouvrir un dictionnaire pour trouver par vous-même une réponse à cette question. À moins que vous acceptiez de jouer le jeu consistant à prendre un papier et stylo pour proposer votre propre définition. Si vous vous êtes pris à ce jeu, sans doute admettrez-vous qu’il n’est finalement pas aisé de définir ce mot. Et pour cause, le jeu est une notion complexe qui se laisse difficilement enfermer dans le cadre d’une définition. Pour comprendre cette difficulté, rien de tel qu’un bref passage par la philosophie qui, même si elle ne nous a pas laissé un souvenir très agréable, aura au moins le mérite de nous aider à comprendre la difficulté à définir le mot jeu. À ce stade, je laisse volontiers la parole à Stéphane Chauvier (2007) qui, dans son ouvrage intitulé, Qu’est-ce qu’un jeu ?, explique que :

 « S’il est donc sans aucun doute vain de chercher à répondre à la question « qu’est-ce qu’un jeu ? » en énumérant une série de caractéristiques communes et propres à tous les jeux d’institution, c’est que notre concept de jeu n’est pas un concept classifiant, comme le lapin ou la table, mais un concept qu’on pourrait dire assimilant » (p.10).

Dans le prolongement de cette idée, un autre obstacle apparaît qui permet de comprendre la difficulté de cerner ce qu’est le jeu. Il s’agit tout simplement de notre langue qui ne distingue pas, comme c'est le cas en anglais, le play (le jeu en tant qu’activité) et le game (le jeu en tant que support). Autrement dit, le français ne différencie pas le jeu d’échec de l’échiquier qui est son support. C’est donc pour contourner cette difficulté posée par la définition du jeu que j’ai choisi finalement de m’attacher à montrer ce que le jeu n’est pas. Ce détour ne sera que profitable pour nous aider à comprendre ce qui se joue dans le jeu. Et comme vous allez le découvrir, loin d’être une perte de temps, les exemples qui vont suivre en disent long sur les situations où le jeu est évoqué dans la relation avec nos chiens.

1.3.2.   L’habillage d’un jeu ne fait pas le jeu

Pour étayer mon propos, je prendrai comme premier exemple les animaleries, lieux dans lesquels on trouve une profusion d’objets vendus pour être des « jouets » pour chien. En entrant dans ces temples du bizness animalier, on constate que les jeux sont en bonne place dans les rayons. Pourtant, une observation attentive montre que ces « jouets » sont généralement détournés de leur vocation ludique. En effet, il suffit d'un bref échange avec un vendeur ou de la lecture furtive d'une notice[13] proposée avec certains de ces "jeux", pour comprendre, au travers de l’argumentaire déployé, que ces objets sont pensés avant tout pour être autant de moyens de contrôle des comportements potentiellement nuisibles du chien (destructions, aboiements, etc.). Ainsi, trouvera-t-on, entre autres exemples, des « jouets » pouvant être fourrés de nourriture pour occuper son chien ou d'autres dont les vendeurs nous disent qu’ils permettront à notre toutou, grâce à leur résistance, de se faire les dents sur eux plutôt que sur le mobilier de la maison. Je ne parle même pas des « jouets » vendus pour leurs soi-disant qualités éducatives censées, sans doute, transformer notre compagnon en chien savant.

On retrouve ce même détournement du jeu dans les librairies offrant un rayon dédié aux ouvrages consacrés à notre compagnon à quatre pattes. Il suffit de consulter l’un de ces livres pour y trouver en bonne place un chapitre consacré aux jeux canins. Mais là encore, une observation attentive révèlera qu’en général, le jeu n’est qu’un prétexte destiné à proposer une énième méthode de contrôle par le dressage du chien. Finalement, ces livres, aussi attrayants soient-ils avec leurs couleurs sympathiques et leurs images spectaculaires de chiens exécutant des tours, ne font qu’utiliser l’image positive dont bénéficie aujourd’hui le jeu pour diffuser des trucs et des astuces utilisant la ruse ludique comme réponse à cette sacro-sainte injonction de « Il faut éduquer votre chien ». Sans remettre en question l’intérêt du dressage d'un chien, quand cela est nécessaire, il me paraît tout de même important de souligner que les exercices proposés par les auteurs de ces ouvrages n'ont, en réalité, rien de ludique.

Maintenant que ces quelques précautions ont été prises pour éviter un détournement involontaire de notre réflexion, n’attentons plus pour entrer ensemble dans le jeu de cette relation ludique partagée avec nos chiens.

Steph TK.

(Prochainement vous pourrez lire la deuxième partie de cet article).

Bibliographie

Livres

Béteille, R., Histoire du chien, Paris : PUF, 1997, 125 p., Que sais-je ?

Bensch, C., Jeux de velus : l’animal, le jeu et l’homme, Paris : Odile Jacob, 2000, 294 p.

Brougère, G., Jouer/Apprendre, Paris : Economica, 2005, 173 p., Anthropos.

Chauvier, S., Qu’est-ce qu’un jeu ?, Paris : Librairie philosophique J. Vrin, 2007, 125 p.

Dehasse, J., Mon chien est heureux : jeux, exercices et astuces, Paris : Odile Jacob, 2009, 195 p.

Digard, J-P., Les français et leurs animaux : ethnologie d’un phénomène de société, Paris : Hachette littératures, 2005, 281 p., Pluriel ethnologie.

Dumazedier, J., Vers une civilisation du loisir ?, Paris : Seuil, 1980, 309 p.

Guillo, D., Des chiens et des humains, Paris : Le Pommier, 2009, 319 p., Mélétè.

Henriot, J., Sous couleur de jouer : la métaphore ludique. Librairie José Corti, 1989, 318 p.

Lestel, D., Les origines animales de la culture, Paris : Flammarion, 2003, 414 p.

Millar, S., La psychologie du jeu chez les enfants et les animaux, Paris : Payot et Rivage, 2002, 365 p.

Power T., Jacob J., Petits joueurs : les jeux spontanés des enfants et des jeunes mammifères, Sprimont (Belgique) : Éditions Mardaga, 2006, 151 p.

Article

Milliet, J., Manger du chien ? C'est bon pour les sauvages !, in L'Homme, 1995, tome 35 n°136. pp. 75-94. [En ligne] [08-05-2010] Consultable à l’adresse : <URL http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1995_num_35_136_370000 >

Mémoire

Descamp, D., Éthologie du jeu ou la « relation zooludique entre l’enfant et le chien », Mémoire de master en sciences humaines et sociales mention ethnologie [En ligne] 2005-2006 [08-05-2010] Consultable à l’adresse : <URL http://delphine.descamps.free.fr/pdf/ETHOLOGIE%20DU%20JEU_Delphine_Descamps_Livre.pdf >

Notes


[1] Intraspécifique : Qui a lieu à l’intérieur d’une espèce donnée.

[2] Interspécifique : Qui concerne les rapports entre les espèces.

[3] Dans son ouvrage intitulé, Vers une civilisation du loisir ?, le sociologue Joffre Dumazedier (1980) précise que : « Le loisir est un ensemble d’occupations auxquels l’individu peut s’adonner de plein gré, soit pour se reposer, soit pour se divertir, soit pour développer son information ou sa formation désintéressée, sa participation sociale volontaire ou sa libre capacité créatrice après s’être dégagé de ses obligations professionnelles, familiales ou sociales » (p.29).

[4] À propos du jeu en tant que loisir, Gille Brougère (2005), professeur en sciences de l’éducation et responsable du master en sciences du jeux de l’université Paris 13, explique dans son ouvrage, Jouer/Apprendre : « Le jeu est non seulement un loisir parmi d’autres, le premier d’entre eux d’un point de vue chronologique, mais sans doute une forme de loisir dominante, en particulier à travers l’importance accordée à un jeu en particulier, le sport » (p.124).

[5] Hamard, J., Le temps libre, INSEE Pays de Loire [En ligne] N°81 Août 2003 [01.05.10] Document consultable sur Internet : <URL http://www.insee.fr/fr/insee_regions/pays-de-la-loire/themes/infostat/infostat81.pdf>

[6] INSEE : Institut Nationale de la Statistique et des Études Économiques

[7] La revue Sciences Humaines a consacré un dossier au jeu dans son mensuel d’août-septembre 2004 titré, A quoi sert le jeu ?, et dans lequel vous trouverez une partie rendant compte des principales manières d’envisager le jeu à travers l’histoire.

[8] Verbatim issu d’un entretien réalisé avec une professionnelle formée en sciences du jeu. Cet échange était destiné à alimenter une étude universitaire portant sur l’apport du jeu dans les situations d’interactions entre des personnes valides et handicapées.

[9] Pour une vue synthétique de cette histoire, vous pouvez vous référer à l’ouvrage de Roger Béteille, Histoire du chien, Paris : PUF, 1997, 125 p., Que sais-je ?

[10] Depuis 1952, date à laquelle Dicky, premier chien-guide, a été confié à M. Blin, seulement 3000 autres de ses congénères ont été dressés dans le même but (source Fédération Française des Associations de Chiens-guides d’aveugles : http://www.chiensguides.fr/site/accueil/index.php). En comparaison des 7,8 millions de chiens en France (source TNS/Facco : http://www.facco.fr/Resultats-de-l-enquete-2006), les chiens utilisés comme guide d’aveugles représentent donc 0,03% de la population canine. Les autres utilisations de chiens dans diverses autres tâches étant également tout aussi marginales.

[11] Milliet, J., Manger du chien ? C'est bon pour les sauvages !, in: L'Homme, 1995, tome 35 n°136. pp. 75-94. [En ligne] [08-05-2010] Consultable à l’adresse : <URL http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1995_num_35_136_370000 >

[12] Descamp, D., Éthologie du jeu ou la « relation zooludique entre l’enfant et le chien ». [En ligne] Mémoire de master en Sciences Humaines et Sociales mention ethnologie – 2005-2006 [08-05-2010] Consultable à l’adresse :

<URL http://delphine.descamps.free.fr/pdf/ETHOLOGIE%20DU%20JEU_Delphine_Descamps_Livre.pdf >

[13] Voici par exemple ce que l’on peut lire sur la notice d’un célèbre « jouet » pour chien qui était notamment utilisé dans le centre de dressage de chiens-guides d’aveugles dans lequel j’ai travaillé : « Mettez votre chien au travail ! Employé comme distributeur de nourriture et/ou utilisé comme jouet, Kongs© occupera votre chien durant de longues heures et le préservera de l’ennui » (traduction libre). Intégralité de la notice disponible à l’adresse : <URL http://www.kongcompany.com/userGuides/KONGUserGuide.html >

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 23:16

 

Le jeu : un trait d'union dans la vie partagée entre les hommes et les chiens

Réunion_Metz_jeu_chez_le_chien_.JPGL’équipe Balade ton chien en Moselle s’est réunie le samedi 27 mars 2010 dans le cadre d’une réunion-discussion organisée autour du thème du JEU dans la relation entre humains et chiens. Cette rencontre s’est déroulée sur le principe d’un débat d’idées animé à partir des quatre affirmations suivantes :

  1. « Le jeu n’existe pas ! »
  2. « Le jeu est futile donc inutile »
  3. « Les chiens jouent à n’importe quoi, n’importe comment… »
  4. « C’est au maître d’un chien de rester le maître du jeu »
Sous un aspect surprenant, voire scandaleux, ces affirmations avaient  pour objectif de lancer les débats.

Pour commencer, chaque participant était invité à prendre position en votant à l’aide de petits cartons rouges et vert qui indiquaient à l’assemblée s’il était « plutôt pour… » ou « plutôt contre… » l’affirmation proposée.

Mais l’intérêt d’un tel procédé d’animation consistait surtout à inciter chaque personne à préciser son choix en argumentant sa position. C’est là que le débat a véritablement pris forme en favorisant notamment l’émergence de questionnements particulièrement intéressants autour de la compréhension du Jeu quand celui-ci s’immisce dans la relation entre les personnes et les chiens.

C’est ainsi, en prenant l’exemple de l’affirmation « Le jeu n’existe pas ! », que les participants ont proposé les questions suivantes :

  • De quel jeu parle-t-on ?
  • Y a-t-il une différence entre le jeu humain et le jeu du chien ?
  • Dire qu’un court suffit-il à interpréter la situation vécue par ce dernier comme ludique ?
  • À quoi jouent les chiens ?
  • Comment des chiens qui « jouent à la bagarre » font-ils pour savoir que c’est du jeu ?

Si vous aussi, cette réflexion sur le jeu dans la vie partagée entre les hommes et les chiens suscite votre intérêt et votre curiosité, alors n’hésitez pas suivre l’actualité de ce blog pour lire la série d'articles qui sera mise ligne prochainement pour détailler le contenu de cette rencontre. Vous y découvrirez l'éclairage que nous proposons autour du thème du jeu étayé par :

  • Les expériences vécues par les participants et leurs chiens durant les balades et conservées notamment au travers des vidéos et des photos ;
  • La pratique professionnelle de Stéphane intervenant dans le domaine de la relation homme-animal ;
  • L’apport théorique dans le domaine du jeu issu des sciences humaines et animales.
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22 février 2010 1 22 /02 /février /2010 07:49
Le jeu dans la relation avec le chien

Photo de Valérie Gomez

argus-bailla-dixie-odin-1-.jpgDans le but d'organiser la prochaine réunion-discussion sur le thème du " jeu " dans la relation avec le chien, je vous remercie de prendre un peu de votre temps pour remplir le questionnaire disponible à l'adresse : http://spreadsheets.google.com/viewform?formkey=dDl4ekVRRGdzdnhFbHpFbUdaMzVZZ0E6MA 

 

Cela me permettra de savoir si cet évènement vous intéresse et le cas échéant, de connaître vos disponibilités.


Concernant cette réunion, je vous rappelle que :

* Elle se tiendra à Moulin-les-Metz (l'adresse exacte sera communiquée aux participants à la réunion dans l'invitation) ;
* L'entrée sera libre (famille, amis, ..., sont les bienvenus pour découvrir le "Monde" passionnant et subjectif du chien) ;
* Mon propos portera sur le thème du "jeu" avec le chien et sera illustré par nos expériences vécues en situation avec nos velus lors des promenades ;
* Et bien entendu, l'apéro clôturera cet échange.

Merci par avance pour votre participation et à bientôt,
Stéphane.
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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 20:00
Réflexion autour de la notion de "chiens dangereux" (première partie)

En quelques années, l'expression "chiens dangereux" est devenue familière pour bon nombre de personnes.  Petie le pitt-bull de la série Qui serait étonné aujourd'hui de lire un article comme celui paru dans le  journal Le Monde le 14 juin 2006 sous le titre Chiens dangereux : ce que dit la loi.

C'est ce constat et le désir d'éclairer cette expression qui me conduit à vous proposer cet article. Et dans cette première partie, il s'agira avant tout de questionner le contexte législatif actuel pour comprendre comment il s'est mis en place en France. Cela permettra de montrer la distance existante entre une loi stipulant que certains chiens, du fait de leurs apparences physiques, sont plus dangereux que d'autres, et l'état des connaissances scientifiques sur ce sujet. Au final, ce texte de réflexion visera à donner à chaque lecteur  des éléments de connaissances lui permettant de se forger une opinion autour de la question qui restera en filigrane dans cet écrit :

Est-il justifié de légiférer et de prendre des mesures coercitives à l'égard de certaines races de chiens catégorisés en fonction de leurs aspects physiques ? Dit autrement, est-il pertinent de lier  la tendance agressive d'un chien à ses caractéristiques physiques ?

Aux origines d'un fait social : le "phénomène pit-bull"

Pour commencer cette réflexion, revenons à 1999, année durant laquelle les médias se sont emparés de ce que l'ethnologue Jean-Pierre Digard (1999) nomme le "phénomène pit-bull" (pour une meilleure connaissance de cette race de chien je vous renvoie vers la thèse de Sébastien Gasparini, Contribution à l'étude de l'américan pit bull terrier).

A cette époque, l'actualité semblait, plus qu'avant, mettre au-devant de la scène des faits divers évoquant des situations de morsures de chiens dont étaient victimes des personnes (enfants ou adultes). La différence avec les années précédentes était surtout marquée par le fait qu'en révélant de la sorte la dangerosité de certains chiens, les médias se focalisaient alors en grande partie sur des individus canins dont l'aspect physique était celui du pit-bull (ou apparenté). Comme le précise Digard (1999) en indiquant que "Le problème des chiens potentiellement dangereux a été, à la fois, mis sur la place publique et confondu avec le phénomène pitt-bull à partir des années 1980".

Mais surtout, le "phénomène pitbull" marque le passage à une médiatisation et à une politisation d'un ensemble de faits divers impliquant des chiens. Cette situation est d'autant plus remarquable qu'elle débouchera, sans doute aussi pour répondre à une certaine pression sociale, à la promulguation de la loi n°99-5 du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux. Celle-ci sera suivi de près par l'arrêté du 27 avril 1999 pris pour l'application de l'article 211-1 du code rural et établissant la liste des types de chiens susceptibles d'être dangereux, faisant l'objet des mesures prévues aux articles 211-1 à 211-5 du même code.

Ce début d'année 2010 va certainement relancer l'intérêt des journalistes désireux d'informer les propriétaires de chiens dit "dangereux". Et cela pour leur apprendre qu'ils doivent désormais se soumettre à certaines obligations, dont celle de se former. Non ! Vous ne rêvez pas... L'idée d'un "permis" de détention d'un chien est bien réelle aujourd'hui. Si l'on ne parle pas encore explicitement d'un permis, il est désormai devenu obligatoire de suivre une formation pour détenir certaines races de chiens. Comme le stipule l'un  des décrets issu de la loi n°2008-582 du 20 juin 2008 renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux.

Une observation attentive de l'évolution de cette loi permet de remarquer qu'en moins d'une décennie, le législateur est passé des termes "type de chiens susceptibles d'être dangereux" à "contre les chiens dangereux".

Que s'est-il passé en quelques années pour qu'une loi apparaisse et finisse par créer une telle suspicion à l'encontre de quelques chiens ?

  Sur ce point,  l'éclairage apportée par Digard (2004) dans son article, La construction sociale d’un animal domestique : le pitbull, me paraît essentiel. En effet, cet écrit apporte l'argumentaire nécessaire pour comprendre comment "[...] à partir de quelques faits divers, on est passé, en France dans les années 1990, du pitbull à un « phénomène pitbull » médiatisé et politisé, avec adoption d’une loi contre les « animaux dangereux » en janvier 1999."

Mais au-delà de ce retour réflexif sur l'établissement d'une législation il convient également de considérer la situation actuelle.  Aujourd'hui, des propriétaires de chiens doivent se soumettre à une loi  qui doit permettre de diminuer le nombre d'agressions dont son victime des personnes qui ont été mordues par un chien. Pourtant, la loi élaborée en France depuis 1999 ne tient aucun compte d'éléments scientifiques et statistiques concernant les conduitres agressives chez le chien familier et ses conséquences sur l'Homme. Et pour causes puisque ces données, tant  sur le plans quantif que qualitatif sont quasi inexistantes. Pour en prendre la mesure, je vous invite à consulter l'article élaboré par Emmanuel Tasse qui fait le bilan des législations mises en oeuvre en Europe pour répondre aux inquiétudes sociales du "phénomène pitt-bull". Ce texte est consultable à l'adresse : www.against-bsl.eu/bilan_fondement.htm

Au final, la mise en oeuvre de la loi de 1999 à l'encontre des chiens désignés comme "dangereux" soulève bien des questions. Parmi  elles voici celles qui ont retenu mon attention :

- Un vétérinaire est-il en mesure de déterminer la dangerosité d'un chien ?

- Doit-on avoir peur des chiens et en particulier ceux que le législateur nqualifie de "dangereux" ?

- Comment peut-on prévenir les situations où un chien peut nous mordre ?

Autant de questions pour lesquelles je m'efforcerai de répondre dans la deuxième partie de cet article. Pour cela, je proposerai quelques connaissances permettant de mieux comprendre ce qui conduit un chien à menacer, voire à mordre une personne.

En attendant et pour vous permettre de prolonger cette réflexion, voici les liens vers des articles choisis pour le sérieux et la rigueur avec laquelle ils ont été écrits : 

- Entre l'homme et le chien : pour une ethnographie du fait socio-animal (article de l'anthropologue et sociologue Albert Piette) lien vers ce texte 

- La construction sociale d’un animal domestique : le pitbull (article de l'ethnologue Jean-Pierre Digard) lien vers ce texte

- Interview de Claude Béata  vétérinaire et président de zoopsy lien vers l'interview

Bibliographie

Digard J.-P., Les français et leurs animaux : Ethologie d'un phénomène de société, Paris : Fayard, 1999, 281 p.


Renard J.-B., Entre faits divers et mythes : les légendes urbaines. Religiologiques [En ligne] n°10, automne 1994, pp. 101-109 [02-01-2010] Consultable à l'adresse : <URL http://www.unites.uqam.ca/religiologiques/no10/renar.pdf >


Site à consulter : Collectif contre la catégorisation des chiens

Le pitt-bull et le cinéma

Le pitt-bull nommé Petie au côté de deux gamins de la bande « les petites canailles » (The Little Rascals) dans la série de télévision "Our Gang".

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